Série: Les gardiens des enfers
Auteurs: Matteo / Alcante
Editeur: Glénat
Une chronique BD:
Génération BD
© Glenat
Présentation de la BD «Les gardiens des enfers» :
Les phares sont classés en trois catégories, sur la terre ferme les paradis, en mer les enfers… Les purgatoires sont entre les deux, les îles. Comme le phare de South Stack situé sur une presqu’île, reliée à la terre ferme par une longue passerelle, un pont suspendu battu par les vents de la côte au-dessus des flots déchaînés. Jones hallucine à propos d’un paradis, on lui donnera le purgatoire après qu’il ait perdu une main lors du sauvetage désespéré d’un collègue dans son poste précédent. Mais rien n’est moins sûre… Et si le phare est un purgatoire, son collègue et principal occupant n’en fera t-il pas un enfer ?
L’avis de Shesivan :
Le scénariste Didier Alcante a le vent en poupe cette année. Après avoir publié « Re-Mind » avec Mutti, le voici qui enchaîne avec « Les Gardiens des Enfers », sa quinzième création, en compagnie d’un autre italien, Matteo, tandis que paraîtront dans les mois qui suivent pas moins de cinq ouvrages tout droit sortis de son imagination débordante : "La Conjuration de Cluny" thriller moyenageux chez Glénat avec Luca Malisan, troisième italien, "Jason Brice T3 - ce qui est révélé" avec Milan Jovanovic chez Dupuis, "Interpol Bruxelles - l'affaire Patrice Hellers" avec Steven Dupré chez Dupuis également. Suivront les deuxièmes épisodes de ses séries "Re-Mind" et "Rani" (avec Van Hamme et Vallès).
A l’instar de « Jason Brice », Alcante poursuit dans la veine fantastique, avec aussi un bouquin comme point central. Un fantastique plutôt inspiré des écrits de H.P. Lovecraft ou d’auteurs plus actuels comme Graham Masterton ou James Herbert. Il est question de déités impies vénérées aux temps anciens qui accordent d’horribles faveurs à ceux et celles qui veulent bien les honorer du sang et des entrailles de leurs semblables. Tout un programme…
Si ce n’est le climat morbide dans lequel baigne cette BD, « Les Gardiens des enfers » est basé sur des faits authentiques. D’une part le naufrage du « Southern star » et d’autre part le drame du fameux phare de Southstack.
Le premier transportait des aventuriers, des chercheurs d’or qui avaient fait une récolte miraculeuse en Australie et rentraient chez eux, les poches littéralement chargées d’or. Le vaisseau affrété sera pris dans une terrible tempête et il fera naufrage à quelques mètres des côtes. La plupart des passagers perdront la vie en se noyant, incapables de nager parce qu’ils avaient gardés tout leur or sur eux…
Quant au phare de Southstack situé sur les côtes du pays de Galles, il a mauvaise réputation puisque hanté. Un des gardiens blessé durant la même tempête, est mort quelques jours plus tard et son fantôme hante toujours les lieux.
C’est en pianotant sur le net que Didier Alcante a découvert ce fameux phare. Inspiré par une gravure d’époque montrant le phare dressé sur une presqu’île battue par les vents et l’océan déchaîné, reliée à la terre ferme par un long pont suspendu, il a décidé que South Stack serait le point de départ de son récit. Il n’a pas hésité à se rendre sur place avec son dessinateur afin de mieux s’imprégner de l’athmosphère morbide de ce lieu, point de fusion entre les quatre éléments de l’univers : l’eau (la mer), l’air (le vent), la terre (la presqu’île) et le feu (le phare)…
Le 25 octobre 1859, les éléments se déchaîneront au large de la perfide Albion. 25 kms seulement séparent le naufrage du « Southern star » de « Southstack », mais, en bon conteur, Alcante empruntera un raccourci afin d’étayer sa tragédie…
Car ce conte d’horreur est une tragédie, un destin rouleau compresseur qui déboule crecendo sur le Grand finale apocalyptique.
Faut-il évoquer deux flashforward encadrant un récit d’époque ou une intro et une finale contemporaine encadrant un long flashback Disons que le présent sert d’introduction et de conclusion aux récits du passé…
L’histoire s’articule sur trois axes, deux se déroulant au même endroit, le phare, mais pas à la même époque (d’où le flashback et flashforward), le dernier aux fins fonds de l’Australie, dans une mine d’or. Deux époques différentes, le présent avec cette plongeuse qui sans doute cherche à récupérer quelque pépite d’or laissée dans la vase par un naufragé et qui se retrouve face au fantôme du phare et 1859, quelques jours avant cette fameuse tempête…
Le récit est brillament mis en image par Matteo qui prouve toute sa maîtrise graphique après avoir connu son scénariste lors de l’élaboration du collectif « Vampyres – Sable noir ». On lui doit également « Mèche rebelle » et « proTECTO » avec le belge Zidrou. Il nous crayonne cette histoire dans un style qui n’est pas sans rappeler ce maître italien, Hugo Pratt.
Un mélange entre Pratt et comics. Personne ne s’en plaindra…
Avec deux auteurs dans une forme pareille, comment résister à la lecture de cette histoire d’horreur ? Et puis en fin de volume vous avez droit à un paquet de documentation, histoire de démontrer que réalité et fiction font parfois bon ménage, pour le meilleur comme pour le pire !!!
Shesivan
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