L’histoire
Les premières cases de l’album nous emmènent à la Maison des Mégalithes de Carnac, en Bretagne. Dans les pas d’un couple de touristes. A la vue d’une pierre d’ambre dans une vitrine, la jeune femme s’évanouit. Elle ne se relèvera qu’une quarantaine de pages plus tard.
Dans l’attente de son réveil, l’histoire nous emmène dans un lointain passé. Toujours à Carnac, mais cinq mille ans plus tôt.
Au détour de la liaison amoureuse, à tout le moins chaotique, entre Erhar, tailleur de pierre ténébreux revenu d’un voyage dans le Grand Nord, et Syll, on découvre l’origine et la valeur de cette pierre de mémoire, mais aussi l’ingéniosité et la folle énergie qu’ont dû déployer les gens de l’époque pour transporter ces énormes blocs de roche. C’est qu’ils devaient peser drôlement lourds. Pas sûr, à les voir ainsi suer et souffrir, que sans les effets de la potion magique de Panoramix, Obélix (non, il ne vient ici pas dispenser ses conseils à ses amis bretons) puisse les porter si facilement sur son dos.
A travers les luttes de pouvoir et les querelles intestines entre clans du village, on comprend aussi, en filigrane, le sens donné à ces célèbres alignements…
Mon avis
Qui a vu Carnac et ses « champs de menhirs » disposés, à perte de vue, de manière aussi étrange que méthodique, ne peut que s’interroger sur l’origine de ce site fabuleux qui recèle aujourd’hui encore bien des mystères.
Cette bande dessinée, très franchement, on aurait aimé n’en dire que du bien tant on sent la bonne volonté manifeste (il en faut à coup sûr pour assurer scénario et dessin) de l’auteur, Laurent Bidot. On se dit aussi qu’il s’est bien appliqué. Peut-être… un peu trop d’ailleurs, car ça manque de spontanéité, de fantaisie. A l’image des mégalithes, le tout s’avère un peu froid et figé.
Est-ce la faute d’un dessin ne manquant pas de qualité mais qui à force de jouer trop la carte du réalisme fait penser, dans certaines planches, aux illustrations de nos bons vieux manuels d’histoire-géo? Des héros trop caricaturaux, manquant de profondeur et d’épaisseur, qu’on aurait voulu plus attachants? D’une intrigue non pas insipide, mais guère originale et, il faut bien l’avouer, peu passionnante? Et si c’était la faute du lecteur dont l’attente trop grande, au regard du thème abordé et de la magie des lieux, ne pouvait qu’engendrer frustration et déception? Sans doute l’explication est-elle à chercher (et à trouver) dans toutes ces possibles hypothèses. A l’instar de nos fameux menhirs et dolmens, le mystère reste entier.
Reste toutefois une histoire qui se lit bien volontiers. Ce n’est assurément pas un coup dans l’eau, mais plutôt sur l’eau, genre ricochet où on oscille entre moments de réel intérêt et, parfois, d’agacement. C’est que l’occasion était belle et qu’elle est (partiellement) manquée…
Vds