Série: Haute-Sécurité # 1 & 2
Scénario: Callède
Dessin: Gihef
Editeur: Dupuis
Une chronique BD : Génération BD
La première règle de Haute-Sécurité est qu'il est interdit de parler de Haute-Sécurité.
La deuxième règle de Haute-Sécurité est qu'il est interdit de parler de Haute-Sécurité.
...
Dès l'intro de la chronique la porte se referme. Normal puisque l'action de Haute-Sécurité a pour décor la prison de Templeton Bay, un lieu certes près de la mer mais où personne ne souhaiterait réserver et une chambre.
Une prison, ses détenus, leurs gardiens, la ville qui gravite autour du temple (surnom de la prison) voilà ce que nous tenons dans les mains. On a déjà beaucoup parlé sur le forum d'Haute-Sécurité, voilà pourquoi je vais essayer de ne pas en dire beaucoup plus sur l'histoire et plutôt prendre le parti de m'adresser, une fois n'est pas coûtume à un public qui a déjà lu les deux tomes dont on parle, ce qui va entre autres avoir pour conséquence d'attacher un caractère plus personnel et donc plus subjectif à cette chronique. Vous êtes prévenus.
A tout seigneur, tout honneur, attaquons par le dessin, réalisé par Gihef, membre éminent du forum. Dessin réaliste, soigné et propre qui n'est pas sans me rappeler le style du premier cycle du Chant des Stryges. Un style cinématographique, qui « colle » bien avec l'histoire, celle-ci étant aux antipodes des aventures d'Olivier Ramau ! L'onirisme et les fleurs bleues sont en effet remplacés par la violence, la peur et le désespoir. En même temps, est-il nécessaire de le rappeler, l'action se passe dans une prison, où les seules fleurs bleues que l'on puisse espérer trouver sont tatouées sur des détenus entre deux symboles racistes ou guerriers.
Le temple n'est pas une prison américaine, c'est LA prison américaine. L'utilisation de cet archétype permet de renforcer le récit. Très rapidement le lecteur peut situer l'endroit où il se trouve, et les comportements à adopter en pareil lieu. Un exemple de la réussite de ce procédé est la facilité avec laquelle on accepte dès la page 5 de voir* une fouille corporelle poussée (un doit dans le cul pour être clair) qui en tout autre endroit serait totalement révoltante. Cet archétype ne fait pas que renforcer le récit en installant chez le lecteur un cadre de référence, il permet aussi de ne pas lire idiot en rappellant à tout moment des réalités sordides que l'on préfère habituellement laisser cachée derrière de hauts murs épais censés protéger la société de son rebus. Et puisque il s'agit d'une chronique plus personnelle, je m'en voudrais d'oublier de mentionner que ce procédé a permis au lecteur de fantasmer allègrement sur une psy à tâches de rousseur.
L'enquête, le suspense, les « aventures » comme on disait avant ne seraient finalement qu'un alibi pour parler de cette prison, point central qui relie tous les personnages, y compris l'attachant narrateur qui comme nous, débarque dans cet univers de manière abrupte et dont il nous reste à découvrir de nombreux secrets.
Plus haut j'évoquais le dessin « cinéma qui colle avec l'histoire, » j'aurais autant pu parler du scénario cinéma qui colle avec le dessin. Il y a en effet, dans Haute-Sécurité, plusieurs allusions significatrices il me semble, plus légère cependant que celle avec laquelle je débute cette chronique mais tout de même, je pense qu'il est intéressant de les remarquer, même si là, je laisse le soin à chacun de trouver ce qu'il souhaite dans ces deux volumes-ci, les suivant étant déjà attendus, ne fut-ce que pour résoudre le mystère de la femme à lunette...
Haute Sécurité par Gihef et Callède, édition Repérages Dupuis
*enfin, par le miracle de l'ellipse on ne voit pas on devine
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