Série: Fairy Quest
Auteurs: Humberto Ramos (dessin) et Paul Jenkins (scénario)
Editeur BD: Glénat
Une chronique BD: Génération BD
Le Chaperon Rouge, Peter Pan, la fée Clochette, Cendrillon, Hansel & Gretel, voilà quelques-uns des héros de cette fabuleuse nouvelle création publiée chez Glénat, qui touchera sans doute plusieurs publics, offrant selon les âges et les attentes de ceux-ci différentes lectures. Une bouffée de nostalgie, genre petite madeleine de Proust? Pas seulement! On est très loin du projet d'Expendables qui en réunissant Stallone, Schwarzenegger, Van Damme et autres vieilles gloires d'antant n'a, à l'autopsie qui suit le générique de fin sur grand écran, que son casting pour justifier les retrouvailles et le buzz autour de celles-ci. Non, Fairy Quest, c'est bien davantage, à commencer par un scénario hyper original qui sort des sentiers battus et rebattus, si fréquentés par bon nombre de bandes dessinées qui offrent le même (arrière) goût insipide à défaut de surprendre le lecteur.
Et si les héros de nos histoires d'enfant et autres contes n'étaient en définitive que des acteurs qui attendent le feu vert, le "go" pour jouer leur scénette, fidèles jour après jour, inlassablement, au script de l'auteur? Et si ce dernier, tyrannique et aigri, veillait sans répit au respect scrupuleux par ses exécutants de la partition, de la trame des récits et dialogues, à l'affût de toute déviance? Voilà pour le postulat de Fairy Quest qui, avec cette idée géniale, a le mérite de ne pas s'arrêter en si bon chemin. C'est d'ailleurs plus prudent. Le Grand Méchant Loup rode en effet au détour des pages. Quoique il s'avère ne pas être si méchant que cela. Et pour cause, puisqu'il ne fait, lui aussi, que jouer son texte. Il est d'ailleurs très attachant et bienveillant à l'égard du Petit Chaperon Rouge. Non, cette histoire ne se contente pas de surfer sur cette bonne idée. Très bien construite, elle s'avère aussi dynamique et pleine de suspense. Une vraie aventure! Le style graphique, proche des comics américains, est lui aussi singulier mais colle très bien au tempo. Idem pour les couleurs originales.
Au fil des pages se croisent, un peu à l'image de L'Autre monde (autre formidable récit) de Magnin et Rodolphe, deux mondes : le Vrai monde, dont certains héros comme le Chaperon Rouge connaissent ou devinent l'existence, et celui de Bois-le-Conte sur lequel règne en despote Monsieur Grimm. Aidé dans sa triste besogne par la police de l'opinion, il poursuit sans relâche tous les personnages qui sortent de leur rôle, n'hésitant pas, si ses mises en garde s'avèrent insuffisantes, à les soumettre au vide-tête, appareil de son invention qui n'a d'autre but que de ramener à la raison les héros téméraires et effrontés en chassant de leur esprit, au prix d'une véritable lobomotisation, toute velléité de liberté.
Une histoire à découvrir de toute urgence!
Vds