Série: Jeu de gamins #1
Auteurs: Mickaël Roux
Editeur BD: Bamboo
Une chronique BD: Génération BD
Cette nouvelle série nous fait partager le quotidien d'une bande de trois copains d'une petite dizaine d'années. On est très loin de l'atmosphère de cour d'école de Titeuf, Nadia ou Vomitor, et plus encore de Kid Paddle. Avec Jeu de gamins, on est bien plus proche de l'ambiance de Totoche (Tabary) ou encore de La Ribambelle (Roba), même si les aventures sont ici plus simples car sans doute destinées avant tout à un très jeune public et rythmées par des gags en une planche (parfois franchement très drôles!) qui exigent efficacité et relative concision.
Particularité de cette série, elle n'a d'autre horizon que les jeux de pirates. Le titre de ce premier tome est à ce propos on ne peut plus explicite. Il n'y a donc pas de tromperie sur la marchandise. Le cahier des charges est respecté à la lettre. Rassurez-vous, toutefois, nos pirates ne restent pas à quai très longtemps. Ils prennent très vite le large. Le second tome, qui vient tout juste de sortir, fera lui la part belle à la vie, qu'on imagine tout aussi trépidante, des cow-boys.
L'idée d'un album concept, pour emprunter au lexique musical, autour d'un même thème est certes assez originale, mais si on découvre les aventures de nos trois marmots d'une seule traite, une certaine lassitude, un certain mal de mer peuvent s'installer au bout d'une quarantaine de pages. Dans la vraie vie, les enfants passent d'un jeu à l'autre, troquant dans la même demi-heure le costume de pirate pour celui de cow-boy ou de chevalier, mélangeant à l'envi les scénarios de leurs rêveries, les jeux de rôles et autres délires de leur âge. Eh bien, peut-être eût-il été finalement plus judicieux de mieux coller à leur vécu, en variant les situations, ce qui eût permis de mieux explorer leur univers mais aussi de donner un peu plus de profondeur à nos héros qui à force de jouer les pirates donnent parfois l'impression d'exécuter un rôle imposé. Quoique c'est un point de vue... d'adulte, qui plus est très personnel et subjectif, et qui n'est d'ailleurs pas partagé par Romain, mon aîné de onze ans, qui non seulement n'a éprouvé aucune lassitude mais a, bien au contraire, lu cette nouvelle bande dessinée... trois fois de suite, ce qui ne l'a pas empêché de me confier que je ne devais pas la ranger tout de suite parce qu'il pensait bien "la relire encore au moins une fois cette semaine".
Ce qui frappe à la lecture de cette série, au dessin chaleureux tout en rondeur, c'est la fraîcheur qu'elle dégage. On est très loin des jeux vidéos parfois débiles, de la violence des mots ou des gestes de certains enfants décérébrés, à l'imagination carbonisée par cette envie de vivre à tout prix une vie qui n'est pas de leur âge. Très loin aussi des rapports de séduction entre enfants qui se la jouent adolescents dopés aux hormones. La naïveté, la candeur, la spontanéité de nos trois petits flibustiers (Max, Léon et Théo) à l'enthousiasme très communicatif sont touchantes. C'est donc volontiers qu'on embarque dans leur vaisseau, prêt à traverser, à leurs côtés, les océans et à rencontrer les situations les plus cocasses, les plus improbables. Et puis, il faut bien l'avouer, le souffle chaud de l'enfance douce et légère, innocente et insouciante de nos trois aventuriers fait un bien fou! A consommer sans modération et à glisser l'air de rien dans les mains de nos enfants pour qu'ils profitent de leur (vraie) enfance...
Vds