Série: Toubab or not Toubab
Auteurs: Hector Sonon, Mathias Mercier, Damien Raymond, Jean-Claude Derey
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Toubab or not toubab relate la vie de Hondo, jeune mauritanien qui a fui son pays après avoir perdu ses chameaux lors d’un ouragan. Hondo doit trouver de l’argent car pour racheter des chameaux à son patron car celui-ci est le père de Yasmine, jeune fille « à la taille fine et aux seins mignon » dont il voudrait demander la main.
Sur sa route, Honda va tomber sur des trafiquants d’organes à qui il va donner un coup de main pour en couper d’autres, il va croiser des flics brutaux et véreux dont le commissaire Zéphyrin qui estime que la fin justifie les moyens. Il va aussi rencontrer colonel Jackson et Tutsi deux jeunes paumés. Le premier est chef d’une bande de jeunes parias laissés pour compte et rassemblés dans un hôpital abandonné tandis que le second s’abandonne de temps à autre dans la drogue en rêvant d’une vie meilleure…
Honda, grâce à la bonne influence du commissaire Zéphyrin, se retrouvera dans le lit de Cornelius, un gros pervers blanc travaillant pour le HCR. De tout cela, il découlera la découverte des rugosités du monde carcéral d’Abidjan mais aussi beaucoup de sang, de désillusions…
L’avis de Phylact
Derrière toute l’histoire racontée par Jean-Claude Derey et dessinée par le Béninois Hector Sonon plane l’ombre du toubab (terme utilisé par les Africains pour parler des « blancs »). On côtoie le toubab nostalgique des colonies mais aussi le toubab du HCR qui profite de sa position dominante et de ses relations pour profiter de la population locale (DSK n’avait rien inventé...). C’est aussi l’histoire d’une société du « struggle for life » où la corruption et les intérêts personnels dépassent le bien-être collectif. La présence des toubabs n’est pas toujours nécessaire pour que l’on s’étripe…
Honda, le « héros » de l’histoire, ne fait que subir cela même si sa force est de montrer aussi qu’il ne veut pas rentrer dans le jeu de chacun, qu’il tente de créer des amitiés là où règne la division. Honda ne juge jamais les autres, il essaie juste de ne pas se laisser faire…
C’est probablement ce qui fait la force de ce récit, parsemé de citations récitées par Honda qui sont autant de tentatives de prendre du recul par rapport à une situation qui le dépasse. Lorsqu’il dit « laisse le pou tranquille s’il ne t’embête pas », il résume l’essence du récit où il n’a pas d’autre choix que de subir les événements.
Le dessin de Hector Sonon, d’apparence très simple, allège parfois la lourdeur des choses pas très agréables vécues par ses héros « malgré eux ». Son style particulier mérite d’être découvert. Une bande dessinée un peu noire (sans mauvais jeu de mot) mais qui donne une petite idée de ce que peut vivre une population dans un pays où le régime est en profonde déglingue…