Série: L écureuil du Vel d Hiv
Auteurs: Christian Lax
Editeur BD: Futuropolis
Une chronique BD: Génération BD
Le vel d'hiv, le vélodrome d'hiver où le gratin parisien croise le petit peuple. Si les premiers sont principalement
là pour se montrer et faire des affaires, les autres sont là pour vibrer avec les
coureurs cyclistes véritables héros du Paris des années 30/40 et ce particulièrement lors de l'épreuve phare des six jours. Mais avec l'arrivée de la guerre et l'envahissement des soldats allemands, ce vélodrome va vivre ses jours les plus sombres en devenant notamment le lieu de transit d'une immense rafle de juifs étrangers perpétrée par la gendarmerie française en ce funeste jour du 16 juillet 1942
Toute la famille Ancelin va voir son existence chamboulée, Jeanne la mère va disparaitre au cours de cette rafle car elle prenait la défense de ces femmes et enfants parqués dans la chaleur moite du vélodrome. Le fils ainé Sam, champion cycliste va devoir faire de grands sacrifices; Eddy, le fils cadet souffrant d’une hémiplégie inférieure du bras et de la jambe gauche, va lui se trouver plonger au coeur de la résistance ; quant au père, il va comprendre à quel point il s'était fourvoyé et que ses prétendues relations haut-placées ne pourront en rien l’aider lorsque le chaos s’abat sur Paris et sa famille ...
Mon Avis:
Avant la lecture de cet album, je ne connaissais pas l'histoire de cette rafle dont on commémore cette
année les 70 ans...
Cette épisode sombre de la guerre 40-45 est superbement raconté et mis en image par un Christian Lax en grande forme.
Le véritable héros de cette histoire est, plus que Sam l'écureuil du Vel d'hiv ou qu’Eddy, le jeune frère qui va mettre sa plume au service de la résistance, le vélodrome : d’abord lieu où les cyclistes vont devoir se surpasser aussi bien physiquement que moralement, puis lieu de douleurs lors de la captivité de ces milliers de juifs et enfin lieu où s'organisera la résistance...
Un lieu qui sera tour à tour synonymes de victoires, de blessures douleureuses mais aussi paradoxalement d'espoirs...
Lax nous livre ici une histoire profondément humaine et attachante relatant les relations difficiles entre un père accroc au jeu et fondant tous ses espoirs sur son ainé au détriment de son plus jeune fils qu’il dédaigne du fait de son infirmité, relations d'amour fraternel sans faille entre Sam et Eddy qui se supportent et s'entraident
mutuellement. Je regrette juste que le rôle de la mère ne soit que trop brièvement évoqué...
Avec cet album, Christian Lax clotûre de façon magistrale sa trilogie consacrée au vélo :
*L'Aigle sans orteils : le tour de France dans les années 1910.
*Pain d'alouette : Paris-Roubaix dans les années 1920.
*L'Écureuil du Vel'd'hiv : le vélo sur piste, au vélodrome d'hiver de Paris, durant la Seconde Guerre.
Avec cette trilogie (qui peut se lire indépendamment) et plus particulièrement avec ce dernier tome, Lax réussit l’exploit d’intéresser même les lecteurs réfractaires au cyclisme, aux destinées de ces héros, de ces destins hors du commun. Personnellement, je ne m’intéresse absolument pas à ce sport et pourtant pas une fois je ne me suis ennuyée à la lecture de ces récits. Tout le contraire, je me suis même prise au jeu et ai vibrée avec les héros de ces histoires où l’enjeu des courses dépasse le sport et prend une tournure politique comme par exemple lorsque Sam décide de braver les interdits et de porter le maillot d' un champion cycliste allemand exécuté pour ses opinions francophiles…
A noter qu’en fin d’album, on trouve un très beau dossier de 8 pages sur les différentes épreuves qui composent les « six jours ».
Assurément un de mes coups de coeur de cette rentrée!