Evan Evans est un album surprenant qui peut au départ déconcerter quelque peu le lecteur.
En effet, ce livre tient plus du récit burlesque contemplatif où l'humour parfois noir, flirte à tout moment avec le tragique plutôt qu'avec la pure comédie. On s'approche des films muets de Laurel et Hardy où c'est souvent le même personnage qui se fait arroser, dans ce cas-ci Evans.
Evans, ce petit bonhomme tout en rondeur que son ami qualifie de grosse boulette vit tranquillement dans une vieille bicoque avec pour toute compagnie, un canari ressuscité. Il pourrait vivre une vie sans histoires s'il n'avait sans cesse la visite envahissante de son ami, un concentré de sans-gêne et d'égoïsme. On se demande sans cesse quand Evans va réagir face à son soi-disant ami qui pousse le bouchon de plus en plus loin. Soit Evans est vraiment très innocent, soit la médiocrité de son ami glisse par dessus la carapace de ses rondeurs.
Qu'on ne s'y méprenne pas, malgré les apparences, Evan Evans n'est pas un album jeunesse. Il est vrai qu'avec un graphisme que certains qualifieront peut être de simpliste, ce dessin épuré va pourtant à l'essentiel sans pour autant omettre le soucis de petits détails.
L'album comporte peu de texte, seul l'ami d'Evans parle (et décide) pour deux. On a dès lors une autre perception plus intuitive et visuelle du récit; les images se suffisent à elles-mêmes. On a droit à quelques belles cases en pleine page conçues comme des affiches qui rappellent le métier d'illustrateur de l'auteur.
La maquette du livre et les couleurs rouge et kaki utilisées confèrent à l'ensemble un petit air rétro, année 50 en parfait accord avec le style du dessin.
Evan Evans est le premier livre en solo pour Laurent Kling mais celui-ci n'hésite pas à faire ici et là l'une ou l'autre petite référence à son précédent ouvrage, "Les rois du pétrole" (en collaboration avec Vincent Bergier, la Pastèque 2009) en faisant apparaître des pylônes électriques.
A découvrir pour élargir son horizon BD !
Gladys