Série: Des espaces vides #
Auteurs: Miguel Francisco
Editeur BD: Delcourt
Une chronique BD: Génération BD
Lorsque Miguel se voit confronté aux questions de son fils sur ses aïeuls, celui-ci ne peut s’empêcher de se remémorer la propre quête de ses racines qu’il avait initiée étant plus jeune. Et comme il a fait cette quête en étant jeune, ce sont aussi beaucoup de souvenirs de jeunesse qui viennent à lui, y compris ceux relatifs à la révolution contre le régime de Franco dans son pays d’origine.
Il faut dire que l’arbre généalogique de Miguel comporte quelques personnes aux destinées pas toujours claires : un grand-père qui a vécu en Argentine pendant 7 ans sans que l’on sache ce qu’il y a fait et qui en est revenu tout aussi mystérieusement, un arrière-grand-père qui part en Allemagne et en Hollande. Un père qui a été confronté à des moments très durs pendant la révolution et pendant la guerre,…De quoi attiser pas mal l’imaginaire d’une jeune enfant mais aussi de quoi le laisser sur sa faim des interrogations de la vie…
Autant d’espaces vides que Miguel a tenté de combler avec plus ou moins de réussites et comment ne pas rester songeur lorsque son fils commence la même démarche ?
Basé sur des faits autobiographiques quelque peu nuancés, « Des espaces vides » évoque les « non-dits » familiaux, entretenus par des membres de la famille. Les gens n’en parlent pas parce qu’ils en ont honte ou parce qu’au contraire, leurs souvenirs sont tellement douloureux qu’ils préfèrent qu’ils ne soient pas réveillés.
C’est donc un album à pas feutrés que nous offre Miguel Francisco pour sa première réalisation, une histoire toute en nuances et sans jugements… Pour une première BD, il fait fort car son dessin démontre de réelles qualités qui ne demandent qu’à s’exprimer dans de futurs autres récits !
Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends le décès de Taniguchi. Je me dis que le maître aurait probablement très apprécié la démarche de ce petit nouveau qui cherche à décrire la vie telle qu’elle vient. Avec des auteurs comme lui (je pense entre autre à Jung de Couleur Miel), la relève est assurée. Tu peux te reposer en paix Jirô…