La princesse et l'archiduc
Dessinateur : Matthieu Bonhomme
Scénariste : Fabien Nury
Coloriste : Isabelle Merlet
Editeur: Dargaud
La jeune princesse Charlotte de Belgique, fille du roi Léopold Ier semble être vouée à une vie prospère inhérente à son statut. Si ce n’est la perte de sa mère alors qu’elle est encore toute petite, elle évite le mariage qu’on voulait arranger avec le roi Pierre V du Portugal pour épouser l’archiduc Fernand Maximilien d’Autriche qui a conquis son coeur. Un mariage qui arrange d’ailleurs bien les Saxe-Cobourg qui se voient ainsi liés aux Habsbourg…
Même si Ferdinand-Maximilien se fait plutôt rabaisser par son frère aîné qui a tout pouvoir, l’empereur François-Joseph, il obtient quand même le poste de gouverneur de Lombardie-Vénitie, rôle à laquelle il se voue sans compter. La princesse Charlotte nage alors dans le bonheur, savourant la beauté de Venise et la qualité des spectacles de la Scala de Milan…
Une révolte de la population formentée par des hommes à la solde de Napoléon et la défaite cuisante de la bataille de Solferino le 24 juin 1859 vont entraîner la déchéance du couple. Même si c’est François-Joseph qui menait les troupes, c’est Fernand-Maximilien qui est considéré comme le responsable de cet échec. Le couple se trouve assigné à résidence dans une grande bâtisse surplombant Trieste, dépendant du bon vouloir du frêre aîné.
Fernand-Maximilien va très mal vivre cette période, retombant dans ses penchants pour l’alcool et les femmes de basse-vertu peuplant les bars de la vie et ce, avec la complicité de son ami Charles de Bombelles. Lorsque Charlotte voudra s’opposer à celui-ci (qui lui proposait quand même de lui faire un enfant à la place de sa mari mais en présence de celui-ci), Fernand-Maximilien va décider de l’isoler et lui interdire toute correspondance avec sa famille.
L’intervention de son frère Philippe permettra de redresser la situation et rendre à Charlotte la place qui lui était échue. C’est alors que Fernand-Maximilien va recevoir une proposition pour devenir empereur du Mexique. Malgré une situation calamiteuse du pays (où un rebelle ligue la population contre le pouvoir), Fernand-Maximilien va s’engager dans ce poste, poussé par Charlotte qui veut obtenir aussi ce statut eu égard à tout ce qu’elle a sacrifié pour son mari.
L’histoire de l’impératrice Charlotte mérite d’être connue, ne fut-ce que parce que cette jeune femme était originaire de Belgique. Mais son parcours, même romancé, mérite d’être raconté à plus d’un titre.
Elle illustre de manière assez réaliste le rôle des femmes des « puissants « et de l’influence qu’elles pouvaient exercer sur leur mari. Leur statut de femme restait cependant peu enviable eu égard au peu de considération qu’on leur accorde…
La relation de subordination entre Maximilien et son frère aîné est également assez éclairante sur les jeux des pouvoirs et la manière de faire passer ses intérêts avant ceux des autres. Le parcours d’une princesse dont les rêves se concrétisent lorsque leur statut s’élève montre que cela peut vite tourner au cauchemar et plonger joyeusement dans les ennuis. Charlotte serait une précurseur de lady di !
L’album n’est cependant pas dépourvu d’humour, surtout lorsque l’on constate le caractère incongru ou stéréotypé de certaines situations. La scène de la nuit nuptiale est particulièrement truculente, Charlotte manquant visiblement d’expérience en la matière…
Voici donc un premier tome prometteur qui donne envie de découvrir la suite de ce parcours atypique (la fin sera forcément dramatique si vous vous souvenez de vos cours d’histoire), le rythme de l’histoire est dynamique et captivant. Une belle découverte assurément…