La rédemption
Dessinateur : Jean-Charles Kraehn
Scénariste : Jean-Charles Kraehn
Coloriste : Patricia Jambers
Editeur: Glenat
Bout d’Homme reste partagé entre le bien et le mal, il s’est sacrifié pour son ami Gabriel en prenant sa place dans une bande de voleur dirigé par le dénommé « la canne », objet qu’il utilise fréquement pour punir ceux qui s’opposent à lui.
Bout d’Homme est assez agile dan l’art de voler, il refile une partie et la Canne et thésaurise l’autre partie en secret avec son ami Gabriel pour s’échapper de la ville en accompagnant un convoi qui part pour l’Est à la recherche de l’or.
Le plan sera déjoué par la Canne qui tuera au passage un prêtre qui s’était pris d’affection pour Bout d’Homme, ce dernier n’était d’ailleurs pas insensible à ses sermons. Lorsqu’ils auront l’occasion de se venger de la canne, Bout d’Homme comprend qu’il n’est plus dans cette logique, il veut s’interposer mais est assommé par Gabriel qui le trahit.
Bout d’Homme parvient quand même à partir vers l’Est avec un convoi, accompagné de deux autres gamins, Rapido et Suzy, qu’il a pris sous son aile. Les trois enfants auront la chance de tomber sur un couple de fermiers bienveillants en qui ils trouveront une famille. Bout d’Homme se nourrit de bonté et, petit miracle, grandit en taille. Il ne désespère cependant pas de rentrer au pays pour retrouver sa Toinette…
Bien que dernier tome de la série, les tomes 5 et 6 créent une césure entre les tomes 3 et 4 d’un point de vue chronologique. On est loin de la période haineuse de Bout d’Homme et de son terrible regard. Ici, au contraire, on sent l’adolescent qui prend de la maturité et du recul par rapport à sa colère. On retrouve les mêmes thèmes développés par l’auteur depuis le tome 1 (l’adversité de la vie, la pauvreté, la violence ordinaire,…) ma, plus nuancée dans ses propos…
Les dessins et scénarios de Jean-Charles Kraehn pour cette série ont toujours fait mouche à mon sens et le tome 6 clôture d’une très belle manière la saga de Bout d’Homme. L’auteur pourrait d’ailleurs imaginer une extension de son histoire même si le fait de s’arrêter « au sommet de son art » est une preuve de grande clairvoyance. Par ailleurs, j’ai toujours apprécié le dessin de l’auteur qui est à la fois très classique mais qui n’en a pas moins développé un style très personnel, on pourrait l’appeler « la patte Kraehn »…
De manière nuancée, l’auteur développe l’évolution morale de son personnage principal qui se montre plus fort en ne jouant pas le jeu du plus fort ou du plus cruel mais bien celui de la sagesse, c’est très spirituel comme démarche… Voici d’ailleurs un extrait de la réflexion de Bout d’Homme : « Si le père Martin et l’indien resteront toujours pour moi des exemples d’humanité, je ne sais toujours pas en revanche si Dieu existe.. Est-ce lui qui l’a fait grandir ?... Ou est-ce moi qui ai cessé de m’agiter ?... Et que mon âme, enfin débarrée de la peur, de la haine et des pulsions dévorantes a soulagé mon corps d’un poids qui l’entravait. »
Parce que chaque tome est créatif et différent, parce que l’ensemble forme un tout varié mais cohérent et de qualité, je donne mon coup de cœur pour la série et, en l’occurrence, pour cet album.