Tananarive
Dessinateur : Sylvain Vallée
Scénariste : Mark Eacersall
Coloriste : Delf
Editeur: Glenat
Mon avis
Tananarive, capitale de Madagascar, dénommée aussi Antananarivo, un nom qui à lui seul invite déjà au voyage ! Malgré une couverture de la version standard flirtant sur le style de Frank Pé ou de Hermann pour sa série Nic, je ne l’ai pas trouvé particulièrement engageante. Assurément, j’ai plutôt préféré de loin celle du tirage limité collector grand format en noir et blanc avec cahier graphique inédit. Mais bon les goûts et les couleurs…
Peu importe, je me suis plongé dans la lecture de cet album de Sylvain Vallée (Gil St-André, Il était une fois en France, Katanga) que je suis depuis ses débuts, et de Marc Eacersall (GoST 111) que je découvre. C’est un scénariste franco-britannique venant de l’audiovisuel et dont c’est la deuxième immersion dans le monde de la bande dessinée.
Le résultat est à la hauteur de mon attente : 116 pages qui se lisent d’une traite pour cette tragi-comédie traitant finalement de multiples thématiques autour de ce voyage imaginaire. Notre notaire Amédée qui suit les traces de son ami décédé, découvre qu’il a surtout beaucoup fabuler ! Mensonge et trahison, mais aussi découverte de soi, aventure et humour. Et dans sa quête on croise des tas de personnages bien typés, mais aussi des thèmes plus graves comme la maladie d’Alzheimer.
J’ai apprécié l’imbrication des animaux de la savane dans les cases pour l’imaginaire aventure d’Amédée qui se projette dans celle de son ami Jo (brossage de dents p 9 par exemple ou encore la belle page 33 avec Jo et Amédée au volant de sa décapotable), ajoutant à l’effet du voyage. La construction en parallèle au réveil des deux voisins Amédée et Jo, magnifique lever chez l’un et plus monotone chez l’autre, démontre tout le savoir-faire des auteurs.
De même les détails de cadrage imprègnent le lecteur dans l’histoire comme la scène de la douche page 39 ou celle dans le club de nuit page 73 où les phylactères n’ont pas besoin d’être présents pour que le lecteur comprenne directement.
On appréciera également les clins d’œil entre Pinpin, le personnage fétiche de Jo, et le célèbre Tintin ; Pinpin au Pérou, Pinpin et l’orteil cassé, Pinpin au Katanga… tandis que les connaisseurs de l’œuvre de Vallée remarqueront aussi que la vieille dame de l’immeuble page 68-69 ressemble furieusement à son personnage de l’Ecrin, son premier album paru au Cycliste.
Bref que du bonheur dans ce road-trip et les couleurs de Delf donnent encore un éclat supplémentaire aux dessins, même si dans la version noir et blanc la fin du récit notamment permet d’admirer le magnifique rendu des noirs et blancs de Sylvain Vallée.
Maroulf