Un roi sans divertissement
Série: Un roi sans divertissement, Tome 0
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jacques Terpant
Coloriste : Jacques Terpant
Editeur: Futuropolis
Lorsque Mme Tim invite un écrivain pour lui parler d’un certain Langlois, celui-ci ne se fait pas prier tant ce personnage lui semble étrange. Mme Tim invite l’écrivain à assister à une pièce de théâtre sur ce curieux personnage…
Le premier acte se déroule au village de Laley où disparaissent plusieurs personnes. Langlois enfile son uniforme de gendarme et enquêtes sur ces mystérieuses disparitions. Il est hébergé dans un café, chez une ancienne prostituée nommée Clara qui est séduite par la personnalité de Langlois.
Une nouvelle disparition survient dans le village, mais son responsable échappe à la vigilance des gendarmes. Ceux-ci finissent par abandonner les recherches sauf Langlois qui reste sur place.
Le hasard va l’amener à trouver la cache d’un individu au sommet d’un hêtre millénaire et le suivre permettra de constater qu’il vit dans un village voisin. Langlois va l’arrêter, mais contre toute attente, il abat le criminel de sang-froid… Il remet sa démission comme gendarme suite à cette « bavure » et quitte le village de Lalley.
Le deuxième acte voit le retour de Langlois à Lalley, il est à nouveau hébergé par Clara, mais a le projet de construire un logement. … Langlois s’avère être l’ami du Procureur Royal qui lui fait l’honneur de sa visite. Il est aussi l’organisateur d’ »une grande chasse au loup, car celui-ci dévastait le bétail des environs.
Au troisième acte, Langlois demande à Clara de lui trouver une femme et celle-ci lui trouve Delphine qui va s’occuper de lui… Par une froide soirée d’hiver, Langlois sort seul dans la neige et plutôt que s’allumer un cigare, allume une cartouche de dynamite et le porte aux lèvres. Son explosion met fin à ses tourments. Fin de la pièce…
L’écrivain, nommé Jean Giono, quitte Mme Tim et se met à imaginer des destinées pour les différents personnages de cette histoire, entre rêve et réalité, les frontières ne sont plus très nettes…En lisant cet album, je regrette ma passion pour la bande dessinée au détriment de la « littérature classique » dans le sens où je me dis que cette chronique serait bien plus riche si j’avais cette double sensibilité. Heureusement, une recherche sur internet permet de mieux comprendre toute la complexité de l’auteur.
Traumatisé par la guerre 14-18 dont il fut un combattant et soupçonné de collaboration avec l’Allemand lors de la Seconde Guerre, Giono est d’abord empreint d’une culture influencée par la philosophie. « Un roi sans divertissement » est d’ailleurs la citation reprise d’un livre de Pascal…
Faut-il trouver un parallèle entre l’esprit tourmenté de Langlois et celui de Giono pour qui la couleur sang de la guerre devait éveiller de bien mauvais souvenirs ? Ce n’est certainement pas à exclure… Ceci dit, cet esprit mouvementé ne ressort pas de cet album où Giono ressort plutôt comme un homme plutôt paisible et méditatif ; ce qui est loin d’être le cas de son personnage principal : Langlois.
Le dessin de Jacques Terpant se met au service du récit de manière très efficace, j’ai aussi apprécié la manière dont il éclaire les visages. Quant au scénario de Jean Dufaux dont le talent n’est plus à démontrer, on comprend la démarche de vouloir transposer un état d’esprit de l’écrivain dans une adaptation personnalisée de son roman « Un roi sans divertissement » qui s’affranchit de la version originale tout en gardant l’essence de sa pensée…
Quelques pages en fin d’album viennent opportunément apporter l’éclairage sur l’écrivain et la manière dont Jacques Tarpent et Jean Dufaux ont voulu lui rendre hommage à leur manière. Une bien belle démarche que celle-là !