Au centre de la Terre
Dessinateur : Rob de la Torre (page 3 à 56)
Dessinateur : Stefano Raffaele (page 57 à 78)
Scénariste : Christophe Bec
Coloriste : Dave Stewart
Editeur: Soleil
L’histoire de ce 2ème volume, en quelques lignes…
Désirant mettre de la distance avec Jane Porter, Tarzan débarque à Paris et flâne nonchalement dans les petites rues du quartier de MontMartre où il fréquente tantôt des peintres, tantôt des comédiens, mais cherche surtout à combler l’insondable vide qu’il ressent en lui. C’est là que celui qui se fait désormais appeler « Johnny Grey » rencontre la Comtesse Olga de Coude, dont la beauté est à la hauteur de la jalousie de son époux.
De son côté, Jane Porter et le capitaine Paul d’Arnot ont monté une expédition en Arctique, voulant prouver que la Terre est creuse et qu’un monde intérieur existe bien en son sein.
Malheureusement, cette équipe d’explorateurs aguerris disparaitra sans laisser de traces dans le froid du Pôle Nord. Apprenant cette tragique nouvelle, Tarzan se lancera sur leur piste et pénétrera à son tour au centre de la Terre…
(planche de Rob de la Torre)
Ce qu’on en a pensé…
A force de travail, Christophe Bec a réussi à s’imposer dans le petit monde du IXème Art. Ce qu’on apprécie chez ce scénariste est son caractère passionné : alors qu’il est maintenant « établi », il n’hésite pas à se mettre en danger en se frottant parfois à des reprises dangereuses. Le plus bel exemple de réussite à nos yeux est son tout récent « Bob Morane » ; actuellement, il travaille comme un fou sur le scénario d’une suite à Bruce J. Hawker et se frotte ainsi à un tout nouvel univers inconnu pour lui : la piraterie et à ses grandes scènes maritimes…. Totalement nouveau pour lui !
Et puis parfois et malgré tout son travail, une reprise ne fonctionne pas suffisamment…. C’est le cas pour ce Tarzan : Suite à un désaccord artistique entre Rob de la Torre (le dessinateur) et Christophe Bec, il a été décidé de faire appel à son comparse Stefano Raffaele pour finir l’album en urgence. De plus, un troisième tome aurait dû être dessiné entièrement par Eric Bourgier, mais l’éditeur en a décidé autrement : si le #1 a reçu un très bon accueil des critiques (coup de cœur chez nous par exemple), les ventes ne furent pas à la hauteur des espoirs et la série devrait donc se clore sur ce second opus.
Changement enfin de mains sur les couleurs : après avoir mis en lumières les planches d’HellBoy, Dave Stewart est chargé de cet important aspect et il aura permis d’uniformiser le changement de style entre les 2 dessinateurs.
(planche de Rob de la Torre)
Néanmoins, tous ces événements « politiques » ne doivent pas occulter le travail exceptionnel qui a été réalisé sur ce second opus. Nous avions été estomaqués par le tome 01 (on lui avait même octroyé un « Coup de Cœur ») et ce nouveau One-Shot est de la même veine ! S’inspirant de 2 histoires originelles d’Edgar Rice Burrougghs, Christophe Bec nous renvoie directement dans la violence de la Jungle où plus précisément cette fois « sous » la Jungle….
Pour autant, Tarzan a évolué : s’il connait maintenant les codes de la haute société, il sait aussi laisser son territoire à un homme blessé dans sa chair ou se faire de puissants alliés dans les peuplades les plus sauvages ! Il est loin désormais l’enfant-singe…
(planche de Stefano Raffaele)
Dans ce tome, nous suivons donc dans sa première partie l’expédition en Arctique de Paul d’Arnot d’une part et la recherche de la légendaire cité perdue d’Opar et de son or par Tarzan, au cœur de l’Afrique d’autre part.
La seconde partie est centrée sur la réunion des 2 histoires parallèles. Pour tenir le fil de cette double trame très dense, le scénariste use de l’artifice du courrier épistolaire entre Tarzan et son ami, suivant tantôt les aventures contées par l’un, tantôt celle de son comparse.
On est saisi aussi par le moyen utilisé pour que notre seigneur de la Jungle rejoigne le Pôle Nord et pénètre ensuite dans le « noyau de la Terre »…. Si cette idée scénaristique émarge bien de l’œuvre originelle, elle est diablement bien mise en œuvre à telle point qu’on y croirait presque !
La dernière partie, centrée sur le sauvetage de l’expédition Porter, nous a parfois un peu perdu : Les 2 premières parties sont parfaitement équilibrées au niveau de la narration, alors que dans cette dernière tellement d’événements se succèdent à une telle vitesse qu’on en a parfois perdu le fil….
C’est là qu’on se dit : « Quel dommage que les auteurs n’aient pu exploiter cette gigantesque frise scénaristique sur 2 volumes de 60 pages ! » (au lieu d’un de 80…).
(planche de Stefano Raffaele)
En conclusion vous l’aurez bien compris : si l’on se désespère de la fin de cette belle aventure, c’est bel et bien parce que justement cette reprise s’est avérée totalement en phase avec l’œuvre originelle, celle de Burroughs (et non de Disney !).
Ces 2 tomes étant des one-shots, ils se suffiront néanmoins à eux-mêmes et nous les conseillons vivement à un public adulte.
Milan Morales