Les errances de Rufus Himmelstoss
Dessinateur : Uli Oesterle
Scénariste : Uli Oesterle
Coloriste : Uli Oesterle
Editeur: Dargaud
C’est une sorte de roman thérapeutique auquel s’est livré Uli Oesterle, mais il l’a fait avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. L’auteur a vécu la souffrance d'avoir un père absent, qui ne s’est jamais vraiment investi dans son éducation… Il a donc essayé d’imaginer la vie de ce père, tantôt démontrant son caractère complètement immature, tantôt le décrivant avec davantage de tendresse et lui cherchant des « excuses ».
C’est ce qui fait probablement la richesse de ce récit… Si le personnage de Rufus peut sembler ignoble et très égocentriste, on ressent également chez lui un mal de vivre qu’il tente de dépasser par une fuite en avant et un abandon dans l’alcool… Ses rares moments de lucidité le confrontent à la conséquence de ses actes et ce n’est que lorsqu’il se retrouve à la rue qu’il commence à prendre conscience de l’échec de sa vie, même si les fanfaronnades subsistent…
J’ai bien apprécié le portrait de ce père imaginaire tout en nuances et en sensibilité. Cette histoire de 118 pages se lit d’une traite, le scénario est particulièrement bien clair et compréhensible, la mise en abîme de ce fils qui subit les conséquences de l’absence de son père est également intéressante.
Il faut noter qu’il s’agit d’un tome 1 (même si l’histoire s’arrête à un moment charnière qui pourrait constituer une fin en soi). Rufus parviendra-t-il à sortir de sa déchéance et à faire son examen de conscience ? Son fils parviendra-t-il à mieux assumer son rôle de père ? C’est donc avec beaucoup d’impatience que j’attends la suite…