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Chronique BD: Genre queer # 0

Genre queer

Série: Genre queer, Tome 0
Dessinateur : Maia Kobabe
Scénariste : Maia Kobabe
Coloriste : Phoebe Kobabe
Editeur: Casterman

Née en 1988 en Californie, Maia Kobabe est une petite fille qui aurait pu mener une vie tout à fait ordinaire. Ses parents sont plutôt bobos (végans, éducateurs, proches de la nature et respectueux de leurs enfants). Le fait de vivre dans des zones un peu isolées ne confronte cependant pas l’enfant à la réalité même si elle sent certaines choses au fond d’elle-même…
En grandissant, Maia va de plus en plus s’interroger sur son identité sexuelle, se demandant si elle est davantage intéressée par les garçons ou les filles de son âge. Lorsqu’elle s’habille en garçon, cela ne lui est pas indifférent. De plus, porter des culottes plutôt que des caleçons ne l’enchante pas du tout (et surtout pas de couleurs roses ou analogues).
L’acte sexuel en lui-même est quelque chose qui la rebute et le « simple » fait de passer un contrôle médical gynécologique est une véritable torture pour elle.
Au fur et à mesure qu’elle devient une jeune adulte, Maia se rend compte qu’elle ne peut s’identifier à aucun genre, un être asexuel, autoandrophile (excitation sexuelle chez une personne assignée femme à la naissance qui imagine avoir des parties génitales masculines ou être un homme). Chaque étape qui la mène vers sa propre connaissance d’elle-même sont presque une succession de coming out…
Et c’est au cours de ce cheminement qu’elle commencera non seulement à s’assumer, mais également à imposer son identité sexuelle (elle demande qu’on l’appelle par un autre prénom, qu’on parle d’elle en ielle…), mais aussi à avoir envie d’apporter le témoignage de son parcours par le biais d’une bande dessinée…



Fameux parcours que celui de Maia dans un contexte sociétal où la question du genre était loin d’être aussi reconnue qu’elle ne l’est aujourd’hui. Ce problème d’identité a visiblement engendré une grande souffrance chez l’auteur(e) et entraîne un très long parcours réflexif, bien éloigné de ceux qui se sentent femme ou homme en accord avec leur corps.

Le récent festival d’Angoulême a tout récemment montré combien le phénomène du genre est un thème actuel (je n’oserais pas dire tendance, car cela lui donnerait un caractère éphémère sans savoir ce qu’il en adviendra). Il est clair qu’il y a un encore un long chemin pour que toutes ces identités puissent vivre dans une société où ils se sentent bien (quand on voit que la population homosexuelle reste encore fort isolée malgré l’intégration de cette identité depuis des années). On peut aussi se demander si ce questionnement plus présent actuellement ne rend pas parfois la vie plus compliquée de certaines personnes qui n’auraient pas nécessairement remis leur identité en question dans un autre contexte…



Le témoignage de Maia vient donc bien utilement nous rappeler combien se sentir sexuellement différent reste très compliqué à vivre et à faire accepter, même par un entourage bienveillant. Au quotidien et par des exemples concrets, elle explique son ressenti, ses pulsions érotiques, son mal-être et son questionnement perpétuels.

C’est donc un livre d’actualité que Casterman publie ici et même plutôt avant-gardiste, quand on sait qu’il a été publié aux Etats-Unis dès 2020 (et traduit depuis lors en 4 autres langues). C’est aussi une belle source de réflexion et un beau témoignage pour quelqu’un qui serait en interrogation sur son identité de genre.

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