Cocaïne finger
Scénariste : Rick REMENDER
Dessinateur : Lewis LAROSA
Dessinateur : Eric Powell
Dessinateur : Wes Craig
Dessinateur : Andrew Robinson
Dessinateur : Roland BOSCHI
Editeur: Urban Comics
Être un motard analphabète, toxicomane, et possédant un QI équivalent à celui d'un enfant de primaire ne semble pas être les prérequis attendus pour sauver le monde. Et pourtant, malgré un CV peu reluisant, Ernie Ray Clementine est la seule chose qui nous sépare de l'Apocalypse. En ayant reçu accidentellement un sérum de surhomme, il est devenu l'espion le plus puissant du monde, et il semble impossible de s'en sortir sans son aide…
Vous n’êtes pas prêts. Je ne l’étais pas plus d’ailleurs…
Avec un titre*, un pitch et une cover comme ça, il fallait s’attendre à du gras. Est-ce que ça l’est ? Non peut être ! 10 pages vous suffiront pour vous en rendre compte et je vous l’affirme, vous n’êtes pas prêts…
Gras, certes, mais pas inintéressant.
Rien que la liste des créatifs qui ont bossé dessus est remarquable : Andrew Robinson, Dave Johnson, Duncan Fegredo, Éric Powell, Mike McKone, Roland Boschi, Simone Di Meo, Tula Lotay, Wes Craig, Yanick Paquette, Moreno Dinisio et Lewis Larosa. À l’origine, ce dernier devait endosser seul l’exécution de cette nouvelle série. Mais suite à un problème de santé, il a dû se résoudre à passer la main. L’idée est donc venue de confier à d’autres artistes chaque chapitre, mais une chose me chagrine malgré tout : l’absence d’Éric Powell sur la couverture. Ils y sont tous, sauf lui. Pourquoi ? Certainement un oubli, dommage, l’homme en vaut pourtant la peine…
Concernant le dessin toujours, le style de Larosa est assez particulier. On aime ou pas, mais quoiqu’il en soit, ne vous arrêtez pas à ce premier chapitre, ils sont tous d’aspects différents et il y en a forcément qui vous accrocheront plus que d’autres.
Les antihéros sans égo ni prestance sont rares, The Big Lebowski, Walter White, Kick-Ass et maintenant Ernie Ray Clementine. C’est certainement le pire de tous, le roi, parce qu’il a abandonné son amour propre pour ses dépendances (et elles sont nombreuses) depuis bien longtemps. Il n’hésite pas à se mettre au plus bas pour un shoot ou une partie de baise, idéalement les deux en même temps. Le scénariste ne lui a strictement rien laissé à part peut-être de la chance, qui lui sera d’une grande aide dans cette aventure déboulant sur lui tel un 40 tonnes chargé de fumier lancé sur l’autoroute.
Esprit sensible s’abstenir (-18).
Ne lisez pas ce comics en mangeant. Surtout pas s’il y a de la purée en sauce. Non pas de peur de tacher les pages, mais plutôt de gâcher votre repas. Ne lisez pas ce comics dans les transports en commun bondés du matin. À moins que vous cherchiez à vous faire cataloguer à jamais. Ne le lisez pas près d’yeux indiscrets et encore si naïfs, ils s’exposeraient à la vie réelle bien trop vite. Mais n’hésitez surtout pas à ouvrir ce premier volume si l’humour bien gras emballé dans une aventure d’espionnage teintée de tension apocalyptique vous attire. Parce que vous allez être servi, ça risque même de déborder et de salir la nappe, prévoyez un tablier, c’est mieux.
Graveleux, rugueux, irrévérencieux, il y a beaucoup de mots pour le décrire, mais mon préféré sera sûrement audacieux. C’est une lecture dynamique et drôle qui s’offre en ouvrant cet ovni. Sans aucune règle ou limite, le scénario aurait pu glisser dans le déjà vu et le trop facile, mais il n’en est rien, l’équilibre est étonnamment maintenu et vous empêche de sombrer dans la lassitude avec en récompense beaucoup de plaisir.
Une minisérie pour adulte écrite par des ados qui ont refusé de grandir, voilà ce qu’il vous attend. Tous les coups sont permis et ils ne s’en privent absolument pas. N'oubliez pas vos bottes en caoutchouc, ça risque d’éclabousser un peu…
* The Scumbag: le connard