Live Forever
Dessinateur : Raùl Treviño
Editeur: Kotoon
Résumé :
Jouer avec la vie et la mort n’est pas sans risque…
Après le décès de sa mère, Sarah n’arrive pas à gérer son deuil. Décidée à ne plus revivre cette douleur et motivée par des rumeurs selon lesquelles son voisin serait un vampire, elle décide de partir à la recherche d’un antidote qui permettra à ses proches d’obtenir la vie éternelle.
Avis :
Live Forever est un nouveau titre paru chez Kotoon. Dessiné par Raùl Trevinõ, ce webcomic’s mexicain compte 52 épisodes au total. Ils ont été publiés en deux gros tomes d’un peu plus de 300 pages qui sont déjà sortis aux États-Unis.
L’édition est magnifique. La jaquette est très belle, tout de noir, rouge et blanc avec vernis repéré sur l’écriture et les images. Le papier d’impression est épais et mat. L’ouvrage pèse son poids.
Le design de Raùl Trevinõ est particulier, un peu à la Sin-City. Tout son univers est monochrome parsemé de certaines touches de rouge dispersées çà et là. Le dessin est rond et simple, mais agréable. Les pages sont claires et les cases espacées, il n’y a pas de place pour les fioritures. La lecture en devient plus aisée et on avance rapidement dans le récit.
La narration est précise et fluide. On vit l’explication de la maladie de la mère de Sarah de manière imagée et sa mort arrive très vite. Cette ado gothique ne sait pas comment aborder la mort de sa mère avec son petit frère qui se replie sur lui-même en attendant que cette dernière revienne. Son père n’aide pas, la communication n’a pas l’air d’être son point fort.
Parallèlement, un mystère nous est présenté sur un cadavre étrangement vidé de son sang, un enquêteur suspect et un voisin inquiétant…
« On n’avance pas dans la vie à reculons… »
« Je voudrais qu’on vive éternellement »
Plutôt que d’affronter son deuil, cette adolescente va foncer tête baissée dans une quête qui lui fera oublier sa souffrance. L’acceptation de la mort est inconcevable, il lui faut trouver un remède quitte à devenir un vampire.
« Si les poissons vivaient éternellement, l’océan en serait plein et il n’y aurait plus de place
pour les nouveaux. »
Le thème de la mort est souvent abordé dans les récits, les vampires sont un bon contre-exemple, car, bien que morts, ils vivent toujours. Cependant, en sont-ils heureux ? Comment vivent-ils le fait de rester sur cette terre éternellement, de voir le monde autour d’eux changer tandis qu’eux demeurent immuables.
Ce thriller surnaturel explore l’introspection et les réflexions que l’on peut avoir lorsque l’on vit un deuil. La douleur et les blessures émotionnelles exposées nous poseront question. La quête d’une vie éternelle engendre certaines conséquences. En valent-elles la peine ? Mourir serait ce qui donne du sens à notre vie… Porter le deuil permettrait de guérir donc pour quoi lutter contre ? La douleur fait partie de l’existence…
L’intrigue est très bonne et ce n’est pas une simple histoire de vampire banale avec les codes du genre, ça change. Parfois le récit prend des raccourcis, mais c’est une minisérie, l’auteur ne peut pas s’autoriser de mettre trop de bâtons dans les roues de son héroïne pour le bien de l’histoire…
« Dans la vie, il existe des choses qu’on ne peut soigner. On doit se contenter de les porter. »
« Le chagrin, c’est l’amour sous sa forme la plus sauvage. »
Ce premier tome m’a beaucoup touchée. Comment est-ce possible avec un thriller qui parle de mort et de vampires ? Tout simplement parce que les réflexions des protagonistes ont fait écho à ma situation personnelle et qu’en écrivant cette chronique écouteurs dans les oreilles, Soldier On de Temper Trap est venu en rajouter une couche. J’ai eu les larmes aux yeux à certains passages…
C’est donc un titre que je conseille, en espérant que vous y verrez également ce sens caché derrière l’intrigue bien ficelée de cette courte série.
Trailer : ici !
Biographie de l’auteur :
Raul Treviño est un artiste mexicain qui illustre et scénarise des webcomics. Il vit au Japon. Il a illustré entre autres Sombra, scénarisé par Justin Jordan (Urban Animal) et publié par Boom ! Studios. Il est également l'auteur de Magic Soda Pop.
Il a reçu en 2014, dans la catégorie Meilleur Acteur, le prix Butze-Vargas qui récompense les meilleures bandes-dessinées mexicaines pour Tinkers of the Wasteland.