GénérationBD : Allo, Midam ? C’est GénérationBD pour l’interview.
Midam : Ah oui, attends je sors prendre une pause avec un coca et un cigare Toscano. Tu sais les longs cigares comme ceux que fument Clint Eastwood dans les westerns spaghettis. En plus j’ai une anecdote, il paraît que Hugo Pratt fumait les mêmes !
GénérationBD : Collaboration cette fois avec un autre dessinateur, comme pour Game Over. Mais pas Adam. Il s’agit de Ian Dairin. Vous avez l’idée d’un studio ? Vous conservez le crayonné et la mise en place je suppose ?
Midam : J’ai en effet accepté de déléguer, avec difficulté, et je dois donc être tolérant. Le projet est de pouvoir mettre en satellite la série, en pilotage automatique, tout en restant exigeant. Je donne donc une série de cours de dessins, de corrections, d’intervention sur les scénarios… Je supervise donc le dessin et les scénarios quand ils ne viennent pas de moi.
Pour cela je travaille avec un groupe de scénaristes très utiles. Notamment Patelin fournit beaucoup de scénarios que je valide pour Game Over, et un peu moins pour Kid sur lequel il commence seulement et il doit encore trouver ses marques dans cet univers.
scénario story board de Patelin, puis finalisé par Dairin après validation de Midam
GénérationBD : Par le passé, Mad Fabrik a même organisé une sorte de concours de scénaristes et les scénarios retenus étaient rémunérés.
Midam : Oui c’est toujours en cours. On a reçu 25 à 30.000 scénarios en 8 ans (sic !) et chacun est analysé et j’assure une réponse, mais on arrive au bout. Je n’en retiens pas tant finalement. (Ndlr : www.Gameoverforever.com )
La force aujourd’hui est plus dans Game Over, il a dépassé la série mère de Kid (19 albums de Game Over contre 16 épisodes de Kid). Et c’est logique, il y a une différence de 10 ans entre les créations des deux séries (Kid en 1993 et Game Over en 2003), mais Kid a souffert d’un manque de régularité dans les sorties (le dernier date de 2017). Mais les enfants des premiers lecteurs refont découvrir les nouveautés Kid, via les Game Over. Travailler avec des collaborateurs permettra de sortir chaque année un Kid Paddle et un Game Over.
Une sortie annuelle en travaillant tout seul non-stop 10h/jour 7/7 serait bien sûr possible comme je l’ai fait par le passé, mais j’ai fait le tour et je souhaite me diversifier, au risque de me répéter et que cela devienne trop monotone car absurde et trop répétitif.
Mon premier plaisir c’est créer des histoires, mais faire les couleurs est gai aussi mais prend du temps. Si je devais aussi réaliser les couleurs, cela me prendrait même plus qu’un an tout seul. Et j’ai envie de réaliser des grandes illustrations, des peintures… Donc grâce à ma notoriété je peux me permettre un nouveau challenge pour créer ces peintures, statues…grandes illustrations, notamment pour des expositions chez Huberty Breyne avec aussi des originaux. C’est très motivant !
Un studio permet de se diversifier et de créer, tout en assurant des albums de qualité et avec régularité !
GénérationBD : Comment s’est fait le choix de votre « assistant » Ian Dairin ?
Midam : Il y avait au départ deux gars possible que je connaissais. L’un a préféré développer sa série, le second a fait un essai concluant, puis Dupuis a proposé un troisième auteur qui dessine Katz, éloigné de ce qu’il fallait au départ. J’ai répondu que j’avais à priori déjà trouvé quelqu’un mais accepté que le contact de Dupuis fasse un essai. Le premier test ne fût pas très concluant mais Dupuis a insisté en disant qu’il était super emballé par cette reprise et qu’en lui apportant des corrections et des indications complémentaires, cela pourrait fonctionner. Et en effet, après lui avoir dit comment je voyais les choses et quelques corrections, le résultat était impeccable, comme souhaité ! C’est donc lui que Dupuis et moi avons choisi.
dessin de Dairin et corrections apportées par Midam
Sur cet album, Ian Dairin a travaillé sur tablette graphique, et sur la fin avec un marqueur pinceau sur papier comme moi, donc cela se rapproche de plus en plus de mon trait. Et donc au final, cela me prend 5 à 6 fois moins de temps qu’avant car je dois seulement vérifier les scénarios et les crayonnés.
dessins au marqueur pinceau sur papier réalié par Dairin
Travailler avec des collaborateurs permet de me dégager du temps et c’est triplement bénéfique pour moi. C’est d’une part un nouveau challenge dans mon travail, c’est un nouvel amusement, et je m’assure une rentabilité avec les albums et mes originaux et peintures. C’est beaucoup plus rentable les ventes d’originaux, de toiles, de statues… D’ailleurs c’est étrange les auteurs qui travaillent à la tablette graphique car pas ils n’ont pas d’originaux à vendre.
GénérationBD : Au parc Spirou, une nouvelle attraction a été créée sur le thème de Game Over et Kid. C’est une reconnaissance de Dupuis pour toi ?
Midam : C’est en effet un petit cadeau de Dupuis pour mon retour au bercail et j’en suis très fier et content. Mais beaucoup de contraintes et de petits moyens pour customiser cette attraction achetée à des Anglais. Il y a un Blork géant tenant une massue, le pourtour est en rochers style Game Over.
Ndlr : Crash Blork est une nouvelle attraction à sensations fortes de type Air Race 8.2 du catalogue Zamperla. Une expérience similaire à celle d’un vol acrobatique. Crash Blork dispose d'une hauteur maximum de 8 mètres, pour un diamètre de 19 mètres, avec une capacité de 16 passagers (8 nacelles de 2 places). La durée de cycle d’un peu moins de 2 minutes permet un rendement moyen d’environ 320 personnes par heure.
Le projet d’une seconde attraction est également en cours, une sorte de parcours hanté avec un cimetière de Blorks. Il devrait y avoir un pré show avant l’entrée avec des bornes d’arcades pour faire patienter les visiteurs, et ensuite un groupe d’environ 30 personnes pourrait rentrer et s’affronter sur des jeux vidéos. Au départ, l’espoir était de pouvoir l’ouvrir en avril 2021 mais vu les circonstances et la fermeture du parc lié à la crise sanitaire, cela me semble peu probable.
GénérationBD : Et le parc permet aussi de développer du merchandising.
Midam : Oui en effet, il y a des peluches du Petit Barbare avec massue, des Blorks de 20 cm, des casquettes de Kid, des mugs… Et j’ai encore plein d’idées à développer.
GénérationBD : Y a-t-il des nouveaux personnages en gestation par exemple ? Outre Kid, sa sœur Carole, son papa, Horace, Big Bang…
Midam : Non, ce n’est pas utile, il y a aussi le grand-père de Kid, Mirador et son chien radar, plus récemment la gothic et le prof…cela suffit, un nouveau personnage n’apporterait rien de plus. Et surtout il y aurait un risque de s’éloigner de mon univers car comme je cède déjà le dessin à d’autres, mieux vaut ne pas en plus étoffer la galerie des personnages.
GénérationBD : Le titre « Kid’Roses » est une allusion au groupe « Gun’s roses » ?
Midam : Oui, j’adore ce côté américain, et j’essaie toujours de trouver un titre anglais. Ce côté rock n’roll colle bien à Kid, on pourrait l’imaginer en Slash le guitariste hirsute…
GénérationBD : Quel est le tirage actuel de Kid Paddle?
Midam : Le tirage s’élève à 100.000 exemplaires, comme celui de Game Over. Mais tout ne sera pas vendu ! Le fond Kid Paddle et Game Over tourne bien toute l’année mais pas spécialement à la nouveauté. En outre, en raison de la crise sanitaire que nous connaissons tous, le secteur bd jeunesse est en baisse de -70% cette année ! C’est pourquoi la fenêtre de tir à choisir pour la sortie de l’album est excessivement importante car on s’aperçoit qu’un « retard » n’est jamais récupéré !
GénérationBD : On te voit très peu souvent en dédicaces, sauf dernièrement chez Filigranes où tu as exceptionnellement dédicacé.
Midam : Oui en effet j’ai arrêté les dédicaces car c’est très chronophage et c’est chaque fois des négociations. En tout cas en Belgique et en France, les lecteurs qui viennent me voir ont des demandes, voire des exigences, particulières que l’auteur n’a pas toujours l’envie ou la possibilité de réaliser. Et puis j’ai donné dans ce domaine. Il y a quelques années à Angoulême, j’ai dédicacé non-stop pendant 4 jours avec toute l’équipe de Mad Fabrik, c’est épuisant ! Par contre au Canada c’est différent. Il y a beaucoup d’enfants qui viennent me voir, ils viennent d’apprendre à lire et sont tout contents de venir pour une dédicace. Et la culture est différente, ils s’attendent juste à une signature ou un petit dessin, pas de négociation nécessaire avec eux.
illustration de Ian Dairin/Midam
Merci beaucoup à Midam, à Sarah Ruiz de Midam Production et à Sophie Dumont la Directrice de Communication de Dupuis.
Actualité :
Exposition au CBBD jusqu’au 28/08/21 : https://www.cbbd.be/fr/les-grandes-expositions-temporaires/midam
Exposition chez Marc by HB