A QUI LE TOUR ? A CHAUZY ET LIDINGRE -INTERVIEW

A QUI LE TOUR ? de Chauzy et Lidingre - Fluide Glacial ( 64 pages)

 Le fait divers a toujours attiré tout lecteur qui se respecte, le ragot, l’acte insensé, le moment de folie soudain. Les journaux en font leur pain quotidien. Jean-Christophe Chauzy, dessinateur de polars bien couillus et Lidingre, auteur des savoureux « Chez Francisque » ont donc choisi de nous proposer des faits divers bien croustillants, une douzaine plus crades les uns que les autres, un florilège de bêtise humaine et de tronches pas possibles.

Tous sont imaginaires mais le réel n’est qu’à quelques millimètres, la ligne entre réalité et fiction est vite sur le point d’être franchie. Curés, pédés, clodos, néonazis, flics et voyous, personne n’est épargné et ce bouquin restera scotché à vos rétines jusqu’à la dernière page. Une délectation pour les plus curieux d’entre nous qui pourront se rincer l’œil en toute sérénité, bien à l’abri d’un fauteuil, de préférence le dos au mur parfois que bobonne décide de vous proposer une séparation nette et brutale, de préférence en restant, elle, dans le monde des vivants, d’un coup de couteau, d’une lampée de mort au rat, d’un coup bien senti de gigot gelé…

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Jean-Christophe Chauzy explique :

Il (Lidingre) m’a proposé de travailler sur des faits divers, cela c’est fait histoire par histoire. Je les ai fait une après une tandis que lui, avait une idée assez claire de l’ensemble. C’est à chaque fois un fait divers différent, c’est la France profonde ce qui peut ressembler à un jeu de massacre mais on aime bien nos personnages. Les dialogues sont très bien écrits, ils sont plus qu’authentiques parce que dans la réalité on ne parle pas toujours comme ça. Chaque partie est vraiment marrante dans les conditions où elle ne devrait pas l’être. Mon dessin essaie de rendre ces personnages savoureux, comme les dialogues le sont, mais à la fois on décrit l’humanité dans ce qu’elle a d’improvisé, cette violence basique qui se déclenche dés lors qu’on arrête d’utiliser son cerveau.

Nos histoires sont un mélange de plusieurs vrais fait-divers, il y a des trucs récurrents, des grands classiques. Il y a des trucs qui se recoupent, les mêmes causes reproduisant les mêmes effets. Pas besoin de chercher beaucoup pour s’apercevoir que certains faits divers sont récurrents. Le sexe, le pouvoir et le fric en sont les trois moteurs.

Le fou complet qui tue dans la rue, cela ne nous intéresse pas, ce qui compte vraiment c’est l’intention, le motif parfois futile, l’acte improvisé, où il n’y a pas d’après, tout est fait dans une espèce de fouillis… On est loin d’Agatha Christie où ce sont des nobles, tirés à quatre épingles et puis il faut bosser pour retrouver la piste. Dans Agatha Christie, on arrive après et il faut savoir comment cela s’est passé avant. Nous, on assiste à tout pendant.

Pour les enquêteurs c’est souvent du pain béni mais parfois c’est tellement gros que cela peut les baiser… Comme ces gens qui tuent leurs mômes et qui parlent aux caméras en traitant ces assassins d’ordures. Ils sont confortablement assis dans leur fauteuil et le cadavre est sous leurs pieds. Ce qui me fascine c’est cette folie, l’auteur de ce genre de fait est souvent jugé responsable de ses actes mais il y a un semblant de logique, une logique qui n’est pas logique. C’est le quart monde, il y a une inégalité vis-à-vis du crime, ceux qui ont de l’éducation savent masquer, négocier, les autres ne savent pas le faire.

Pour A qui le tour, mon trait est devenu plus caricatural, cela s’imposait naturellement avec ces comportements foutraques proposés ici. Il fallait des personnages à la hauteur, être à la hauteur de péripéties comme celles-là, arriver à repérer le degré d’intelligence ou de réactivité d’un personnage à son apparence c’est quand même pas mal ! Il fallait des personnages gratinés avec des physionomies qu’on ne croise pas tous les jours, n’empêche, je me suis appuyé sur des gens croisés tous les jours, une espèce de feu d’artifice de bonnes têtes.

On est dans un univers de prolos, tôt ou tard le fait divers que tu as imaginé se réalisera en vrai !

 

 

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