Interview de Cristina Mormile "Western Valley # 1"

Interview Cristina Mormile à l'occasion de la sortie de


Raphael Carralcazar : Comment êtes-vous arrivés dans le monde de la BD ? Quel est votre parcours artistiques ?

Cristina Mormile :Tout d'abord, je suis italienne. Je réponds à cette interview en français. Donc s'il y a quelques fautes, ou quelques «  coquilles » que vos lecteurs soient indulgents !
Pour en revenir à mon parcours,  je dessine depuis que  j'ai découvert les crayons de couleurs (un cadeau d'anniversaire ! ). J'ai donc tout naturellement fait  le lycée artistique puis l'école du BD de Milano. Ensuite  j'ai voulu essayer de travailler tout de suite pour la France.
J'aimais tout particulièrement la richesse de styles de dessins proposés par le marché franco-belge. Et je voulais essayer sortir du marché italien , qui est un marché comme un autre, mais qui n'est pas le mien.


Raphael Carralcazar : Comment voyez-vous le monde de la BD actuellement ? Est-ce évident d'être une femme dessinatrice dans ce monde quasi exclusivement masculin ?

Cristina Mormile : Pas évident d'être dessinatrice BD, mais pas plus qu'être dessinateur pour un homme.
C'est la main qui parle, pas la figure.



Raphael Carralcazar : Comment expliquez-vous cette montée des dessinateurs italiens dans le monde de la BD ?

Cristina Mormile : Je crois que ça dépend beaucoup de cette liberté que la France offre au niveau de l'expression personnelle. Il ne faut pas avoir forcement un litre d'encre sur la planche pour faire une bonne BD. ( je veux dire par là, que dans le marché italien les albums en couleurs sont très rares et chers, qu'ils se vendent mal, et que malheureusement la plupart du temps les dessinateurs  italiens sont obligés de travailler en noir et blanc, même si certains d'entres eux ont d'immenses possibilités graphiques . D'un coté c'est une très bonne école. Ca oblige les dessinateurs à avoir un sens du noir et blanc très efficace. D'un  autre coté, sur le plan artistique, c'est malheureusement beaucoup plus limité)
Et c'est agréable de pouvoir avoir des délais plus longs, sans être obligé de travailler trop vite, sans être obligé de «  tomber » plusieurs planches par jour
En fait, et là je parle pour moi toute seule, je vie comme une véritable libération le fait de pouvoir  dédier à chaque planche le temps qu'il faut. Même si certaines pages  me prennent parfois plusieurs jours...je m'en fiche. Pour moi le plus important, c'est apprendre et encore apprendre...


Raphael Carralcazar : Vous travaillez depuis X années avec le scénariste Jean-François Di Giorgio, comment s'est faite la rencontre ?

Cristina Mormile : La rencontre c'est fait grâce au festival d'Angoulême. Je cherchais du travail, et j'avais obtenu des propositions de deux maisons d'éditions. Une de celles-ci m'a proposé un scenario de Jean François. De son coté,  l'éditeur a montré mes planches à JF. Il a «  flashé «  sur  mon travail, ( qui été pourtant loin d'être « abouti « )
Et depuis qu'on  a commencé à travailler ensemble, on a plus arrêté.
Ca a été et ça reste au jour d'aujourd'hui un grand plaisir travailler avec lui.



Raphael Carralcazar : Comment se passe le travail entre un scénariste et son dessinateur, lorsque ceux-ci sont séparés par 2000 km ?

Cristina Mormile : Bé, au début, vu mon mauvais français, pas d'une manière facile...
Mais avec le temps, une sacrée dose de patience de la part de Jean François en attendant que je me débrouille mieux en français,  et de pas mal de volonté de ma part aussi pour apprendre la langue ( j'ai par exemple traduits avec un tout petit dictionnaire de poche ses deux premiers  scenarios, mot a mot pour pourvoir ensuite les dessiner. Ca a donné lieu a quelques « confusions épiques » dont on rit encore aujourd'hui JF et moi !  ) . Puis entre une planche et l'autre, tout s'est bien passé.
L'internet, avec la communication rapide d'aujourd'hui, a fait le reste.


Raphael Carralcazar : Vous avez également travaillé dans le dessin publicitaire ? Pour qui ?

Cristina Mormile : Oui, je travaille pour plusieurs agences italiennes. J'ai eu, par exemple,  le plaisir de m'occuper de campagne pour Aprilia, Enel, et autres  projets  qui m'ont permis d'étudier des styles de dessin différents.



Raphael Carralcazar : Nous avons eu beaucoup de chance de vous avoir rencontré à plusieurs reprises en Belgique, comment trouvez-vous votre lectorat de Belgique ?

Cristina Mormile : J'adore.
Je retrouve souvent des têtes connues. Des lecteurs toujours sympas et jamais envahissants.
L'accueil m'a étonné à chaque fois et j'en suis ravie.
C'est justement en Belgique que j'ai fait mes premières dédicaces, et j'en ai un merveilleux souvenir. Je tremblais de peur (je pensais il n'y aurait personne au stand ) Et bien malgré que c'était mon tout premier album, le public était là, . C'était formidable !Vous avez vraiment un pays où la  « culture BD » veut dire quelque chose. Pour une étrangère c'est fascinant !


Raphael Carralcazar : Sur quoi vous basez-vous sur l'étude de vos personnages et décor ?

Cristina Mormile : Ca dépend par l'histoire. Si j'ai la possibilité d'aller sur place, comme pour la réalisation du « Journal d'Ambre », ma meilleure source ça reste mon appareil photo.
Pour « Western valley », au contraire, j'ai du étudier pas mal de vieux bouquins, de vieilles photos de l'époque du far West, des chevaux, etc....
Enfin, c'est l'image qui nourrit l'oeil, avant de passer dans la tête.



Raphael Carralcazar : Que pensez-vous  de la e-BD ?

Cristina Mormile : J'en suis fascinée et j'en ai peur au même temps.
Je continue à préférer la vieille version papier !


Raphael Carralcazar : Quels sont vos futurs projets ?

Cristina Mormile : D'abord la suite du « Western Valley ».
Puis du futur je n'en parle pas, parce que je suis légèrement superstitieuse, et j'ai la trouille que si je parle les projets puissent tomber à l'eau !  ( rires ) Mais j'en ai plusieurs...


Raphael Carralcazar : Non seulement, une femme dessinatrice BD, c'est assez rare, mais en plus, maintenant vous vous attaquez à un style des plus masculins, à savoir le western ? Est-ce un choix personnel, ou bien est-ce le scénariste qui vous a lancé dedans ?

Cristina Mormile : Moi qui avais des difficultés avec les chevaux, quand  j'étais petite  j'ai dit à mon prof que jamais  je ne dessinerai  un western... comme quoi on change, hein ?!
La  proposition est venue de mon scénariste.
J'ai hésité environ deux secondes, puis je me suis dit « Pourquoi pas ? »
Après tout, j'ai choisit ce métier pour tout dessiner, chaque chose, qui soit décor naturel, animaux, ou personnages humains, une époque, ou une autre. Il fallait donc essayer ça aussi !
Me voilà, donc...



Raphael Carralcazar : Pour avoir eu la chance de voir vos premières planches personnellement, j'ai été agréablement surpris par votre graphisme qui a fort évolué depuis « Eden Killer », et le « Journal d'Ambre », est-ce du au changement de style ?

Cristina Mormile : Merci, je suis content que vous me disiez cela. C'est un beau compliment !
Le changement de style est dû à une longue réflexion  personnelle. Et   au tout aussi  « long   dialogue » que j'ai avec JF depuis plusieurs années.
Au départ, j'étais, et c'est normal, « centrée »  sur mes problèmes de dessin. Aujourd'hui que ca va un peu mieux de ce coté là, je cherche à mieux raconter, à mieux servir l'histoire. A soigner d'avantage la mise en scène. Sur «  Western Valley » j'ai aussi commencé à encrer mes pages (alors que dans « Eden Killer ou « le journal d'Ambre, l'encrage n'était en réalité qu'un "crayonné poussé ".  Là aussi j'ai eut très peur au début. Mais apparemment  ca a l'air de bien se passer.  Les réactions sont plutôt positives.
Bref ! J'ai essayé de passer un cap. Tout ca est le fruit d'un énorme travail. Ce premier album m'a pris plus de 16 mois !
Que le lecteur se rassure, le tome 2 ira plus rapidement. ( rires ! )
Et surtout, j'espère qu'il puisse apprécier.



Raphael Carralcazar : Il y a 'il plus de boulot de recherche pour ce western que pour vos autres séries ?

Cristina Mormile : Oui. Sans aucun doute.
C'est ma plus grande fatigue et en  même temps ma plus grande satisfaction.


Raphael Carralcazar : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots cette nouvelle série ?

Cristina Mormile : Bien sur !
C'est une histoire pour les amateurs de Far West sauvage, de  durs à cuire, de  duels dans la poussière...
( Ce qui n'empêche pas JF d'y avoir introduit avec habileté un mystère intéressant dont je ne peux rien dire ici qu'on ne retrouve pas dans les  westerns classiques. )
Bref...
L'histoire se déroule aux Etats Unis d'Amérique, durant seconde partie du 19 nième siècle.
Pendant que Lee Cutter, cow-boy reconverti en  garde du corps, arpente les pistes d'un vieil Ouest encore mal civilisé en compagnie d'Elisa Fergusson, une jeune  fille de bonne famille jouant de la contrebasse, une  mystérieuse bande de tueurs, sème la  terreur à  Silvertown. Leurs victimes  sont des fermiers ou de riches vachers venus participer  à la plus grosse vente de bétails du pays... Les bandits s'amusent à les terroriser, leur expliquant que s'ils ne paient pas une importante rançon, cette ville ne sera  bientôt plus qu'un cimetière...Mais ce n'est qu'une diversion. A peine les bandits reçoivent ils la rançon qu'ils la brulent !
Et pour cause !
Ce n'est pas après quelques billets que ces chacals courent, mais après un but bien plus important.
Mais lequel ? Et pourquoi ?
Une seule personne semble  capable de les supprimer, avant qu'ils ne plongent le pays dans le chaos total.
Cette personne a un profil particulier : tueuse a gage, au passé mystérieux.
Et un nom : Chicanas.
Voilà...
Ce premier opus est prévu en deux tomes. Il faut lire l'histoire jusqu'au bout, pour comprendre ou veut en venir JF. Moi même j'ai été bluffée par sa fin. Je m'y attendais pas du tout.


Raphael Carralcazar : En combien de tome est prévu le série ?

Cristina Mormile : Western Walley  est une série ouverte : pas de limite de tome tant que nous nous faisons plaisir JF et moi, et tant que les lecteurs et l'éditeur  y trouvent  leur compte. Comme pour son autre série « Samurai », JF a choisi  un système de cycles complets en deux tomes. Cela permet de raconter une  histoire complète pour chaque nouvel «  arc » et de développer l'histoire de Chicanas, notre héroïne, en toile de fond.
On espère le même succès que  pour « Samurai ! » ( rires ! )

Merci pour cette longue interview ! A bientôt !

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