Jacques de Loustal, dit Loustal, est un touche à tout dans le domaine graphique, illustrations, peintures, carnets de voyage, bandes dessinées… Très présent, que ce soit dans le domaine de la BD que sous forme d’expositions.
Loustal et son complice Götting à la BRAFA (photo (C) Yves Declercq
Après Pigalle 62.27(sur scénario de Götting chez Casterman), deux expos (une chez Champaka et une chez Barbier Mathon à Paris), trois toiles sur le thème Paris – Bruxelles - New York pour la BRAFA, je vais mettre la BD en veilleuse. J’ai besoin de m’aérer en faisant du grand format, en quittant le côté répétitif.
Mon prochain projet sera probablement un livre de voyages. L’année dernière j’ai beaucoup voyagé, il y a certains voyages que je n’ai pas encore revisités en dessin. J’ai aussi envie de revoir les espaces désertiques des USA.
Régulièrement, quand je travaille sur des œuvres graphiques, je me surprends à faire images que je n’attendais pas mais, à la longue, je commence à tourner en rond et j’ai alors besoin de me remettre à la BD.
Pour cela je dois trouver une bonne histoire, j’adapte des bouquins ou je bosse avec Paringaux et Götting. Je cherche une histoire qui me donne envie de dessiner, mettre en scène, réfléchir sur le découpage…
Mon credo c’est les histoires d’atmosphère. Quand on m’apporte une histoire je demande avant tout où cela se passe et à quelle époque, cela me donne une idée dans quel univers esthétique je peux travailler, un univers proche d’une réalité que j’ai pu percevoir. Je peux dessiner les années 50 ou 60 à travers la perception que j’en ai eu étant enfant. Pour Pigalle et le Sang des Voyous, il y a mes souvenirs de Paris étant enfant et puis surtout j’aime revisiter les films français noirs des années 50.
Pour « les Amours Insolentes » (Casterman) avec Tonino Benacquista, c’était complètement différent, ce n’était plus vraiment de la BD. Je voulais renouer avec des histoires courtes aux découpages précis, raconter une histoire en douze images mais je n’étais plus dans le code de la BD, je faisais de l’illustration. Il me donnait l’histoire découpée en douze paragraphes et je cherchais l’image. C’est pour cela qu’on a fait cela en strips, parce qu’il fallait que cela s’adresse aussi à des lecteurs qui ne lisent pas forcément de la BD.
J’aime bien la musique en général, surtout le rock. J’ai travaillé pour Rock & Folk, comme Paringaux, qui était plus âgé. Ensemble nous avons fait Barney et la Note Bleue, car il avait un tribu à payer au jazz de sa jeunesse. Mais le jazz que j’ai traité dans l’album est plus de la musique de film comme Miles Davis (ascenseur pour l’échafaud). Je travaille toujours en musique, j’ai des tonnes de CD, la musique me donne une énergie et je peux écouter de la musique hyper violente en dessinant des scènes très calmes ou de la musique mélancolique sans que cela influence mon dessin. Le soir j’opte plutôt pour de la musique violente, le matin pour du blues, du rock calme, genre Portishead, Dead can dance. Je me mets du Rammstein, Alice Cooper, j’aime les musiques minimalistes basiques.
En peinture j’apprend, je n’ai aucune formation, je découvre et c’est très excitant, je fais de l’aquarelle du dessin à la plume, je ne suis pas basique. Mon style a été très long à mettre en place. Mon dessin a évolué dans l’épure, grâce à la passerelle qui s’est fait entre ma BD et ma peinture, une interaction que je ressens d’autant plus depuis que j’ai un grand atelier. Tout est au même endroit et je sens plus de passerelles, je découvre des trucs graphiques pendant mes voyages que je reporte dans mes BD. En peinture je ne fais jamais de commandes parce que je ne sais pas où je vais. Quand elle est finie, je suis étonné ce n’est pas ce que j’ai prévu de faire, la peinture m’emmène dans des domaines que je n’ai déjà fait…
- Shesivan
- Interviews Ecrites