Les aventures de Jacques Gipar dans la collection Calandre de l’éditeur Paquet sont une affaire qui roule : 35.000 exemplaires vendus pour les quatre volumes. Même que Gipar est édité en Allemagne, sous le nom de Gibrat…
Les aventures du journaliste dans les années 50 existent grâce à deux auteurs : Thierry Dubois et Jean-Luc Delvaux, deux passionnés d’automobiles des années 50 et des années Spirou squattées par Tillieux, Will, Franquin et Jidéhem.
Jean-Luc Delvaux :
Je suis paradoxalement nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue, j'ai toujours aimé les voitures depuis que je suis petit et j'ai encore vu passer des comme cela, étant gamin. Ce qui me plaît est leur esthétique. Chaque marque a sa personnalité au niveau stylistique et même au niveau sonore, elles avaient chacune un « bruit » reconnaissable entre toutes.
J’aime dessiner les voitures, j'ai une tonne de magazines et de bouquins introuvables sur ces modèles et je vais régulièrement voir des manifestations de voitures anciennes. Cela me permet de voir l’intérieur, d’en prendre des photos puisque ces vues sont rares. Je ne me fie pas trop aux catalogues d’époques car les voitures y sont représentées déformées par rapport à la réalité, montrées plus grandes qu'elles n'étaient !
Je suis propriétaire d'une Peugeot 203, d’une Dauphine qui ne roule plus et d’une Simca Aronde comme Gipar ! Ma voiture préférée est la DS qui a une ligne splendide, mais j’aime les américaines et les voitures de sport italiennes. J'ai aussi un faible pour les voitures populaires françaises comme la 203 et les 4 chevaux…
Mon scénariste, Thierry Dubois, me remet un découpage dessiné, ce qui est bien pratique. Il est vraiment spécialisé en voitures anciennes et travaille pour des magazines spécialisés comme moi je travaille pour « Gazoline ». C’est ainsi que je l’ai rencontré. Il a le même style graphique que moi. J’ai pris contact avec lui et, heureuse coïncidence, il passait en Belgique. Nous nous sommes rencontrés et immédiatement mis au travail. Comme il se consacre plus à l’illustration, il n’a pas le temps de dessiner, il fait le scénario. Les intriques sont vaguement inspirées de faits divers d’époque…
Ce qui est paradoxal est que nous avons fait toutes les maisons d’édition avec notre projet, sauf Paquet, parce qu’ils avaient déjà les enquêtes auto de Margot de Marin et Vander Zuiden. Nous ignorions qu’ils voulaient créer une collection réservée aux automobiles. Dés lors, ils nous ont accueilli les bras ouverts !
Tous les lieux décrit dans Jacques Gipar existent, comme Thierry (Dubois) les a toutes fréquentées, il les a reconstituées d’époque, portion par portion. Thierry collectionne les cartes Michelin anciennes. Dans la Femme du Notaire, nous voulions faire une intrigue plus développée, dans le style des films de Chabrol. Les trois premiers tomes se passaient dans le sud, la nationale 7 puis la nationale 6 et aussi la route Napoléon, nous sommes remontés vers le nord, du côté d’Amiens… Il neige, il pleuvine, il fait froid !
Nous avons changé de coloriste car le directeur de collection voulait une gamme de couleurs proche de ces années-là, ainsi qu’une touche féminine. Bea Constant est la femme de Michel qui travaille sur Mauro Caldi. Cela me permet de me consacrer uniquement à mon dessin, dans cette collection il y a un certain quota de voitures à respecter par planche mais cela ne me dérange pas, j’adore les dessiner ! Le contexte fait que comme Gipar enquête sur les routes... J'aime l'ambiance des années cinquante, son côté graphique et esthétique. Une enquête sans gsm, sans ordinateur, il est obligé de s'arrêter pour téléphoner ! Nous respectons chronologiquement chaque aventure et c’est ainsi que chaque année il y a de nouveaux modèles de voitures qui viennent se rajouter.
A Angoulême, je me suis rendu compte que les gens aiment la série et qu’il y a toutes les tranches d’âges, les cinquantenaires comme des gamins de 10 ans ! Je tiens le rythme d’un album par an, selon le vœu de l’éditeur. Faire un album comme cela prend une dizaine de mois, le temps de scénariser et de rassembler la documentation, je fais une planche en 3-4 jours…
Pour la cinquième aventure, Jacques Gipar va garder la même Simca Aronde que dans son aventure précédente, après tout elle est neuve ! N’empêche, il y aura une américaine en vedette, une de ces bagnoles grande comme un transatlantique avec des chromes et des ailerons partout. Ce sera un diptyque où nous retournerons vers le sud, pour une histoire de trafic de cigarettes entre Marseille et Tanger, l’abordage et le pillage d’un bateau, une guerre des gangs...
http://thierrydubois.blogspot.be/
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