BAJRAM ET UW 2 : 7 ANS DE REFLEXION

Pas de doutes, Denis Bajram est un personnage, une personnalité de la BD, il a créé non seulement un projet qu’il portera durant plusieurs décennies : Universal War, son Starwars à lui, mais son enthousiasme et sa bougeotte lui ont fait se mettre les pieds dans le plat du monde de l’édition. Il a mis sur pied Quadrants, le côté sérieux de la maison Soleil. A présent et après 7 ans de réflexion, il laisse cela derrière lui pour mêler sa destinée au Casterman nouveau qui accueille UW 2. Un film UW est également en préparation, une collaboration internationale et Bajram a réussi à débaucher un scénariste de renommée mondiale. On ne demande qu’à voir…

Il est tellement porté par son concept qu’il donne des conférences sur le sujet, parfois devant des auditoires de 600 personnes. Il est d’ailleurs passé dans des librairies bruxelloises. Où cet homme s’arrêtera-il ?

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J’ai de bonnes nouvelles commerciales, la mise en place est de 50 % de plus que UW 1, je suis passé du côté de la BD culte après 7 ans d’interruption. UW 2 a démarré à 30.000 exemplaires, les commandes continuent à rentrer !

C’est aussi le fait que UW 1 a été publié en intégrale, un format plus petit, plus littéraire, c’est volontaire, un format comme Marvel a créé ces dernières années avec succès, en me disant qu’avec ce format on peut aborder des qui ont peur du 48 pages un peu criard de Soleil.

Je n’étais pas prêt à faire UW 2 avant, j’ai essayé avec d’autres dessinateurs mais j’ai vite abandonné, c’est mon projet. J’ai de la chance de faire ce que je veux, de choisir mon planning et pendant 4-5 ans je n’ai pas pu voir cette série peinture.

Cette histoire, je la porte depuis le début, quand j’ai fait d’autres choses c’est avec un scénariste pour me changer la main, la tête … Je fais un bouquin quand je suis en intensité avec lui.

Pour UW 2, j’ai promis le tome 2 l’année prochaine et je tiens mes promesses de délais !

UW est écrit de 1 à 3, j’ai un squelette. Pour UW 2, j’ai récupéré mon scénario de 97 et dans la première version le personnage principal est un homme. J’ai eu l’impression d’avoir la même scène que UW 1, alors j’ai repris mon scénario en basculant sur une femme, Théa et j’ai pu démarrer.

Dés qu’une scène me paraît avoir déjà été vue, je passe à gauche ou à droite. Actuellement, on vit une époque où on meurt d’ennui parce qu’on fait et refait toujours la même chose. Chaque film est une redite du précédent blockbuster, on ne prend plus de risques.

Je suis un intello dans ma manière de construire mais je reste sur la surface de la réaction, je n’ai pas écrit la psychologie de mes personnages, je « connais » mes personnages, je vis avec eux...

Je suis extrêmement arrogant. Ce qui manque à beaucoup de créateurs c’est d’être arrogant, dans le sens positif. On doit se dire qu’il faut faire un chef-d’œuvre mais si on n’essaye pas, on n’a aucune chance d’y arriver ! On crève de gens qui n’ont pas assez d’ambition, l’arrogance dans le sens de l’ambition.

Non, je ne me prend pour dieu parce que j’ai réussi à faire aimer mes bouquins par 100.000 personnes, j’ai tenu cette ambition sur UW 1, alors pourquoi pas sur le 2, il n’y a pas de raisons que je me plante, je sais que j’ai fait des erreurs dans le UW1. On tape toujours dans ses limites et quand on a de l’ambition, on passe son temps à aller au-dessus de ses limites. Le tome 1 de UW 2, je l’ai dessiné avec un niveau de dessins que je n’avais pas auparavant. Je suis toujours à mes limites, je préfère les dessins ratés aux trucs lissés, moyens, les conséquences sont des imperfections mais c’est mon plaisir. Aussi, en temps que lecteur, de spectateur, mon plaisir est, quand je prends une BD, un livre, quand je regarde un film, de me faire avaler et rejeter à la fin.

Dans ce premier tome de UW 2, il y a beaucoup d’énigmes qui se mettent en place mais quand vous fermerez les dernières pages de UW 2 (l’intégralité), ce sera comme avec UW 1, vous comprendrez toutes les ficelles mises en place.

UW 1 n’est pas un récit scientifique, quoique les gens en pensent mais il y a de la poésie scientifique, j’essaye de faire toucher cette poésie-là. Mon récit doit prendre le dessus sur une science que j’ai inventée. J’ai pris un position de théorie temporelle que personne n’a faite, elle ne tient pas mais on s’en fiche. Elle est démontable en deux coups de cuillère à pot. C’est de la science-fiction, après tout !

Le reproche que je fais à la BD franco-belge, c’est qu’ils attendent pour brûler Rome, tous… en clair, ils ont une idée et ils la font traîner sur plusieurs albums, des longueurs inutiles. Moi j’y vais fissa, je brûle le soleil, je cherche l’inattendu, je suis le premier à lire des œuvres où je sais comment cela se termine, je n’arrive pas imaginer que je laisserais traîner des trucs.

L’expérience Quadrants est décevante, on m’a imposé des auteurs, alors j’ai pris la décision de quitter Soleil. J’ai proposé UW 2 à plusieurs maisons d’édition et j’ai finalement opté pour Casterman après une mise aux enchères. Chez Casterman, il y a une politique d’ouverture avec une recherche d’un catalogue plus jeune.

Je suis très enthousiaste car il y a un film en préparation, une production internationale et c’est un grand scénariste qui est en train de s’atteler au script. Je suis conseiller artistique sur le projet ! La sortie ? 2015 !

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