Alix Senator est probablement ce qu’on a fait de plus intelligent pour ressusciter un personnage, un classique de la bande dessinée, à l’instar de Spirou !

(photo JJ Procurus)
La parole est donnée à Valérie Mangin :
Reynold Leclercq - éditeur chez Casterman – nous (Denis Bajram et moi-même) a demandé si nous n’avions pas d’idées pour élargir l’univers Alix. J’étais très excitée à cette idée car Alix était une grande expérience traumatique de mon enfance et il fallait que je le fasse. Mais je ne me voyais pas très bien continuer la série originale, alors j’ai décidé de le vieillir, c’est comme cela que Alix Senator est né, sur la route, entre Bruxelles et Bayeux. Mais à quelle époque le placer ? Le vieillir de dix ans l’aurait plongé au milieu des guerres civiles avec des récits guerriers, rapidement j’aurais tourné en rond. Alors je lui ai donné cinquante ans alors qu’avec Martin il en avait à peine vingt pour le placer en –12, à la naissance de l’empire romain avec Auguste, une période très ouverte, très incertaine, un empire qui se cherche et qui sans le savoir va durer mille ans !
J’ai fait des études d’histoire assez poussée, l’école des chartes en France, l’école des conservateurs des musées et d’archives, des études très longues et très approfondies en latin et histoire. Mes réalisations sont donc le résultat de la SF que je dévorais ado et de mes études classiques.
Donc Alix est devenu adulte et sénateur, une petite entorse car à Rome il fallait être riche et avoir eu une fonction dans l’état romain, ce qui n’est pas le cas d’Alix, et en plus il est gaulois mais j’ai fait des recherches et trouvé des précédents.
Ma volonté est que chaque album puisse se lire séparément tout en laissant un fil rouge sur la durée. Ceci est le tome deux d’une trilogie qui, avec le succès, est en train de devenir une hexalogie. Casterman est très content de notre travail et ouvert sur la suite.
Je connais toutes les étapes de la vie de tous mes personnages. Il y a un cadre historique, en tant qu’historienne je ne peux changer l’histoire, alors je glisse des éléments fantastiques dans les trous de l’histoire, tel que Césarion (fils de César et de Cléopâtre), dont on n’a pas beaucoup d’information. Peut-être a-t-il survécu ?
Le choix de Thierry Demarez en tant que dessinateur me paraissait évident, nous avions fait six albums ensemble, je lui faisais très confiance, ces personnages sont très bien, ces décors aussi. C’est un vieux complice. En plus il est très rapide car il a beaucoup de projets. J’évite la comparaison directe avec Jacques Martin avec un graphisme très réaliste par rapport à sa ligne claire.
Denis (Bajram) a été mon premier lecteur, c’est l’avantage d’être en couple dans la même profession, Alix Senator est un concept qu’on a monté tous les deux !