Imaginez une île supposée déserte et qui n’est pas si déserte que ça, peuplée de pirates, de cannibales et de toute sorte d’animaux qui parlent, de visiteurs du futur armés de dématérialisateurs et un naufragé perdu au milieu de tout cela. Tout ça s’appelle l’Ile carrément perdue (nom de code ICP pour la suite). C’est un délire créé par Sti, papa de Michel chien fidèle et Ze Jacky Touch au scénario et Luc Cromheecke, auteur des déjantés Tom Carbone et Plunk !, dessinateur et pilier au journal de Spirou où il officie depuis déjà trente ans.
Le Flamand de France et le Flamand de Belgique se sont associés pour vous embarquer dans leur délire ! Faites donc escale sur L’Ile Carrément Perdue ! De l’Aventure avec un grand H comme humour !
D’abord publié en néerlandais par les éditions Studio 2000, voici la version française publiée par Kramiek. Kramiek est une nouvelle maison d’édition qui fait partie du groupe Paquet, une maison consacrée à l’humour, ce style de BD franco-belge plus à l’ancienne, comme on retrouvait dans le Spirou des années 80-90, de la BD très grand public. Pierre Paquet était fan de Luc Cromheeke depuis longtemps et intéressé de le publier. Ça tombe bien parce qu’on aime le lire.
L’Île Carrément Perdue se retrouve exposée au CBBD du 17 juin au 31 août 2014 dans la Gallery.
Sti : Je lisais Spirou étant petit, je connaissais donc bien le travail de Luc. Je lisais les « Taco zips », Tom Carbone et je trouvais que c’était très lié à mon style.
Luc Cromheecke : On a treize ans d’écart, j’ai commencé chez Spirou alors que j’étais encore à l’école, donc très tôt. Je connaissais les BD de Sti avant de le connaître et je me suis reconnu dans son style.
On s’est croisé sur des salons BD, on a sympathisé sur internet et un jour, Luc m’a demandé si je n’avais pas envie de faire une série avec lui. C’était fin 2009. J’avais l’Ile carrément Perdue sous le coude mais la mise en route a été longue. La première histoire a mis un an à se faire, mais finalement on l’a proposé à Spirou qui l’a publié début 2011 ! Ce sont des histoires qui font entre 2 et 6 pages, créées spécialement pour le journal qui propose des thèmes et nous rebondissons dessus… Comme les éditions Dupuis n’était pas chaud pour en faire un album, ayant assez de séries de pirates, nous l’avons proposé à Pierre Paquet cela a été naturel de le présenter chez eux, sachant qu’il est mon éditeur historique et qu’il adore le travail de Luc.
Sti : Je suis scénariste pour pas mal d’auteurs autant que pour moi-même, je ne suis pas frustré par les dessins de Luc car je me retrouve dans son graphisme. Je fournis un story-board, une version dessinée et Luc redessine par-dessus les croquis, c’est comme ça qu’il gagne tout l’argent J D’ailleurs si Luc ne l’avais pas dessiné, je n’aurais pas le temps de le faire.
Luc : Mon style est plus lié à Marc Sleen qu’à Vandersteen. J’adorais Néron quand j’étais petit, Sleen avait créé un univers absolument fou tandis que Bob et bobette est plutôt surréaliste. J’ai toujours travaillé avec des scénaristes. De temps en temps la manière de travail est différente, je travaillais avec Laurent Metzer sur Tom Carbone ave des brainstorming. Maintenant c’est plus professionnel, le scénariste au scénario et le dessinateur au dessin. Je donne parfois des indications de ce que je veux dessiner. Mon point fort est de dessiner quelque chose qui a été inventé, pour le reste je n’écris pas. J’aime les dessinateurs qui inventent tout mais ce n’est pas facile pour moi. Les scénarii sont durs à faire. Travailler avec un scénariste c’est plus relax, je sais qu’il est drôle.
Sti : Luc valide les histoires que je lui envois et fais des commentaires. Nous sommes très ouverts au dialogue, il nous arrive d’en discuter longuement via internet.
ICP : en néerlandais (la série est publiée dans la langue de Vondel par EPPO) le titre de travail était « total lost » : perte totale, une allusion aussi à la série Lost, des naufragés qui se retrouvent sur une île soi-disant déserte mais qui se révèle être très fréquentée. La plupart des histoires tournent autour du naufragé. Le naufragé c’est le lecteur, c’est un personnage récurrent. Nous ne voulions pas qu’un seul héros, il y a pleins de personnages : des pingouins, de crabes, des canards, des chauves-souris, des pirates, des zombies (prévus dans le tome 2), tout un pseudo-univers où tout peut se passer… Le seul vrai héros est le capitaine Mc Intosh, car c’est une sorte de faire-valoir comme l’était Fantasio, Haddock et en général ce sont les faire-valoir qui sont les personnages les plus marrants. C’est notre personnage préféré, le plus intéressant, il est méchant, il est rigolo et il a tous les défauts !
Il y a beaucoup de références dans l’ICP, notamment les lapins, clin d’œil aux Monty Python, les pingouins de Madagascar, le pirate des Caraïbes, les voyageurs temporels, référence à la série Futurama. Je (Sti) suis très influencé par tout ce qui univers de dessins animés, la plupart des histoires ont une base, une référence à la culture pop actuelle. C’est très intemporel. Pour l’expo il y aura surtout des planches du tome deux (qui est paru en néerlandais chez Studio2000), malheureusement il n’y aura pas les story-boards de Sti, cela aurait été intéressant de les mettre en vis-à-vis avec les planches originales !
Ah purée, j'ai encore une fois oublié d'ajouter que les photos étaient de Jean-Jacques Procureur. Du coup, j'en rajoute une :)
LES AUTEURS AVEC LEUR EDITEUR FLAMAND DE STUDIO 2000 KURT MORISSEN
http://ilovesti.blogspot.be/
http://plunkblog.blogspot.be/
http://www.cbbd.be/fr/expositions/la-gallery/l-ile-carrement-perdue
http://cromheeckeunplugged.blogspot.be/
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