Scénario : Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray
Dessin : Dimitri Armand
Coloriste : Hugo Facio
Édition : Le Lombard - Octobre 2016
Une interview réalisée ce jeudi 17 novembre, lors de sa séance de dédicaces en la chouette librairie Flagey (Place Eugène Flagey 29, à Bruxelles).
Une interview en 2 parties:
Ce lundi 21 novembre, 08h00: Dimitri Armand, le dessinateur
Ce mardi 22 novembre, 08h00: Dimitri Armand, l'homme (+ les bonus)
1ère partie : Dimitri Armand, le dessinateur
Dans différentes vidéos on vous voit travailler sur une planche à dessin, « de manière traditionnelle ». Néanmoins, en vous lisant sur les réseaux sociaux, vous vous intéressez à différentes techniques liées au dessin numérique vous parlez de détourage via PhotoShop, vous testez actuellement l’iPad Pro et son pencil magique… Comment travaillez-vous, Dimitri Armand ?
Je reçois tout d’abord mon scénario sous format numérique. De là, j’aime bien faire mon story-board sur Photoshop car cela permet de profiter de toutes les libertés du logiciel : retoucher une image, la découper, placer mes textes... il y a un côté super pratique qui fait que cette étape serait beaucoup plus contraignante pour moi si je devais la faire encore de façon traditionnelle sur ma planche à dessin.
Par contre, toute la partie qui me passionne vraiment, c’est-à-dire le dessin, se passe sur ma planche ! pour cela, j’ai un vrai attachement à la matière, aux pinceaux, à la feuille.
J’ai vraiment besoin de ressentir ce contact physique. J’ai essayé il y a quelques années avec mes deux précédentes séries de travailler sous format numérique, mais au final, je ne retrouvais pas le vrai plaisir tactile, celui de sentir ma planche.
Après, pour la couleur, je transfère tous sous Photoshop et là c’est beaucoup plus simple et rapide. Je ne suis pas assez sûr de moi en traditionnel pour le faire. J’ai essayé pourtant sur le western de « Sykes (aux éditions Dupuis) : j’allais plus vite dans la tâche, mais après, si mes ambiance ne donnent pas, c’est beaucoup plus dur à retoucher. Alors que l’informatique permet justement ça beaucoup plus facilement grâce à ctrl-z !
Quel est votre rendement sur une série tel que Bob Morane ?
En moyenne, sur l’année cela fait du cinq pages par mois. Par exemple sur la fin du tome deux, là où il y a pas mal de plans sur la ville, ça m’a pris beaucoup plus de temps. Par contre, au fil de l'histoire, il y a des planches qui sont beaucoup plus simples à construire et qui vont donc beaucoup plus vite.
Qui est votre 1er lecteur ? A qui montrez-vous en premier votre travail ?
C’est ma conjointe. Elle est extrêmement objective voir même très critique ; elle a un regard de lectrice mais en même temps, comme on se connaît depuis très longtemps, elle me fait parfois des retours qu’ils sont assez durs à entendre mais qui sont intéressants.
Les éditions Khani ont réalisé une superbe édition de Luxe pour le #1. « Le village qui n’existait pas » est en pré-commande, toujours chez eux ; Y a-t-il un autre format d’édition dans vos tiroirs ?
Non, À part celui-là, il n’y en a pas d’autres de prévu.
Etes-vous totalement libre dans vos choix graphiques ? Quid des Couvertures ?
Oui oui, je suis totalement libre pour le graphisme. Par contre pour les couvertures, je laisse ça aux maquettistes, car ils font vraiment bien le travail. Je n’ai pas de contrainte, mais pour Bob Morane, les éditions du Lombard voulaient vraiment mettre le visage du héros en gros plan sur la couverture, alors que moi j’avais d’autres envies. Mais finalement, c’était assez pertinent de faire cela ainsi.
Morvan et Munuera, lors de la fin de l’Aventure « Spirou & Fantasio » disaient en substance : « C’est dur de reprendre une série transgénérationnelle, car on déçoit d’office toujours des fans ! » Maintenant que Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray ont annoncé qu’ils devaient quitter le navire, comptez-vous continuer l’Aventure sur un tome 3 ?
Oui, normalement un nouveau tome serait prévu pour 2018.
Il se murmure actuellement dans les milieux bien informés que vous travailleriez depuis quelque temps sur un autre projet BD… Une suite à « Sykes » ou un super-héros ?
(sourire) Ah non, pas de superhéros, (pas encore…) J’attends d’ailleurs enfin bref. Pour l’instant, je travaille sur un autre western avec Dubois comme pour « Sykes ». Ce sera là aussi un OneShot.
Fan du Bob Morane originel d’Henri Vernes ou de la nouvelle version de Gilles Devindillis ?
Très honnêtement, je ne connais véritablement ni l’un ni l’autre. J’ai vu dans ma vie quelques bandes dessinées de Bob Morane dessinées par Vance ou Coria, mais je ne suis pas suffisamment connaisseur des romans de l’un ou de l’autre.
Après cette interview, vous allez enchainer sur une séance de dédicaces à la librairie Flagey, qui nous accueille. Pensez-vous qu’un jour vous dédicacerez sur tablette ? Ça me ferait un peu mal au cœur, mais si pour pouvoir encore en vivre je devrais le faire, je le ferai. Mais clairement, je n’aimerais pas : je suis trop attaché aux livres ! Lors de vos séances de dédicaces, vous dites « faire un cadeau » à la personne qui s’est déplacée pour vous voir. Vous faites l’analogie avec le repas que l’on vous offre chez des amis : « Ce n’est pas l’invité qui choisit ce qu’il va manger » ; donc vous ne réalisez pas tout ce qu’on vous demande. Vous développez ensuite votre raisonnement en évoquant le repas au restaurant : « On choisit ce qu’on va manger, donc on paie ». Vous êtes donc ok de réaliser un travail commandé (et donc logiquement rémunéré !), mais ça coute combien aujourd’hui, une dédicace Premium de Dimitri Armand ? Généralement, j’essaie de faire ce que l’on me demande, mais sous forme d’une dédicace simple ; quand cela devient trop compliqué cela devient vraiment un travail de commande. Pour le prix d’une dédicace Premium, ça, je n’en sais rien. Je ne fais pas de dédicace de commande, par manque de temps essentiellement. Après, cela dépend du travail : un personnage en pied, en pied avec un décor,… Plus je vais passer du temps sur une commande, plus cher cela coûtera, car c’est toujours du temps que je passerai en moins pour travailler sur mes bandes dessinées. |
2ème partie : Dimitri Armand, l’homme.
Whisky écossais ou Japonais ?
Je suis ouvert à tout ; j’aime beaucoup le bourbon, mais j’aime beaucoup aussi les whiskys qui sont vieillis en fût de sherry ou de bourbon. De manière générale, j'aime bien le goût un peu fruité dans ce type de boisson. Mais je reste ouvert à toute proposition !!!
Nutella ou Côte d’or « Noir de Noir » ?
C'est pas très bien, mais plutôt Nutella.
Star Wars ou Star Trek ?
Star Wars, évidemment !
Marvel ou DC Comic ?
Houlà... (long moment d’hésitation) je dirais quand même DC Comics… Oui, mais non parce que chez Marvel, il y a Wolverine…Je peux prendre un joker ? Chez DC, mon super-héros serait plutôt Batman.
Dimitri Armand, vous êtes plutôt écosystème « iOS », « Androïd » ou « Nokia 3310 » ?
J’ai encore mon Nokia 3410, (petite discussion sur le fait que l’on parlait du 3310 ou du 3410) je l’ai gardé très longtemps : on pouvait le balancer contre un mur et il fonctionnait toujours !. Sinon, je suis plutôt Androïd.
Table à dessin, Cintiq ou iPad Pro ?
Table à dessin !
Merci Dimitri Armand !
Bonus : questions à Elise Harou, responsable « Presse », aux éditions du Lombard.
Selon les scénaristes de la série, 24 000 exemplaires du tome 1 ont été vendu à ce jour et les premiers retours sur ce second numéro serait très encourageants aussi. Une première idée des ventes de ce #2 ? Pas encore, non : avant 12 semaines, c’est difficile de donner des chiffres concrets. Le tirage de ce tome deux est de 30 000 exemplaires.Le 11/11, Luc Brunschwig (et par extension Aurélien Ducoudray) a communiqué officiellement avoir été évincé de la série pour « scénario médiocre du tome 2, mise en danger de l'avenir du personnage et du potentiel commercial de la série. » La question que les fans de cette bd se posent actuellement est : « Henri Vernes a-t-il encore un droit quelconque sur l’utilisation de son personnage ? » La question sous-jacente est « Comme il annonce sur sa page Facebook « détester » ce qu’on fait actuellement de son héros, a-t-il demandé aux éditions du Lombard une réorientation de cette série ? »
Je suis l’attachée de presse, je ne suis pas à l’éditeur. Je précise juste que les mots de Luc Brunschwig ne sont pas une reprise des mots de l’éditeur, c’est son propre texte. Henri Vernes a revendu ses droits sur son personnage à l’éditeur Claude Lefrancq. Il lui reste bien sûr son droit moral, que nous avons respecté dans cette reprise de Bob Morane.
(Dimitri Armand reprend la parole à ce sujet) : Les lecteurs peuvent être rassuré : le tome trois de la série restera bien dans les jalons poser initialement pour ce reboot. On ne retrouvera donc pas Bob Morane dans la jungle, avec des dinosaures.
Merci beaucoup à vous aussi !
(c) images Le Lombard et Dimitri Armand (pour l'autoportrait)
Milan Morales