Escale à Yokohama
Dessinateur : Kimitake Yoshioka
Scénariste : Kenji Inoue
Traducteur : Vanessa Gallon
Editeur: KurokawaVous n’avez pas encore lu les résumés des tomes 03 & 04 premiers tomes ? Commencez donc d’abord par cette saine lecture, puis revenez vite ici pour connaitre notre avis !
Ce qu’on en a pensé…
Ouvrir un nouveau tome de cette série nous propulse immédiatement hors de notre flux temporel, à l’exemple des personnages mis en scène avec brio par Hitoshi Ashinano. Ainsi, le ton est donné dés son entame, avec Alpha avouant à son amie qu’elle n’a pas ouvert sa boite aux lettres depuis plus d’une dizaine de jours…. On pressent par ce biais que le temps est devenu tout à fait secondaire pour elle…. vu qu’il n’y a plus rien à espérer de l’avenir!
Les tranches de vie de son héroïne que partage avec nous sa mangaka sont empreints de poésie et de « lâchez prise » total…. C’est très finement amené, tout en sous-textes, grâce aux prises de conscience de Koko, androïde comme Alpha qui cherchait à paraitre la plus humaine possible, alors qu’elle s’autorisera à être naturelle en arrêtant cette quête du « paraitre »…
D’autre part, l’auteur lève un -très pudique- voile sur d’autres personnages que l’on touche à peine des yeux, mais qui devrait prendre davantage de corps dans les tomes suivants : il y a toujours cette mystérieuse sirène, fortement intéressée par le jeune Takahiro, mais aussi désormais Mizugami, cette étrange statue avec un corps taillé dans une sorte de Barbapapa blanche et dont le visage est d’une blancheur éclatante…
Une autre Alpha, dont la vie se déroule à bord du grand avion et enfin aussi cette docteure, à l’origine de la conception des androïdes Alpha…
Qu’on a hâte de savoir ce que Kenji Inoue veut faire de ces personnages !
Hitoshi Ashinano parvient à donner vie à ce lyrisme grâce à sa maîtrise des paysages naturels: le trait des herbes, l’effet du vent, la gestion des ombres et de la nuit, même les restes des constructions humaines deviennent sous son crayon des merveilles de paysage.
Par son talent, ces pavements de bétons deviennent l’Avalon des romantiques ; auréolés de mystères, ces vestiges du temps jadis participent pleinement à la narration, comme le prouve le mangaka, en nous offrant généreusement des planches entières sans aucun phylactère, son graphisme suffisant simplement à faire passer message et émotions…
Escale à Yokohama est clairement un manga que l’on devra étudier dans nos classes de littérature, tant cet œuvre se révèle être riche d’enseignement !
Milan Morales