Série: Blake et Mortimer # 19
Titre: La malédiction des trente deniers
Auteurs: Sterne / De Spiegeleer / Van Hamme
Editeur: Blake et Mortimer
Une chronique BD:
Génération BD
© Blake et Mortimer
Présentation de la BD «La malédiction des trente deniers» :
Deux évènements déclenchent les nouvelles aventures de Blake et Mortimer : la découverte, suite à un tremblement de terre dans le Péloponnèse, d’un mystérieux coffret contenant un denier provenant des trente que Judas reçu en paiement de sa trahison et l’évasion de l’infâme Olrik du pénitencier de Jacksonville. Nos deux amis s’élancent chacun sur une piste, sans se douter que les deux affaires sont liées…
L’avis de Shesivan :
Ne revenons pas sur l’accouchement long et difficile de cet album. Le thème principal de celui-ci concerne la malédiction entourant les trente deniers que Judas reçu jadis de Ponce Pilate en paiement de sa trahison…
Un thème qui n’est pas sans évoquer tous les thrillers ésotériques en vogue actuellement et dont chaque auteur jure qu’il n’a pas copié sur l’autre : le Triangle secret, le Troisième testament, le Dernier templier et autre Da Vinci Code (il semblerait que ce titre ait été trop difficile à traduire en français), pour ne citer que les plus connus.
En tout cas, Jean Van Hamme, qui me semble t-il allait tout doucement prendre sa retraite, nous bluffe car en en forme olympique, et pas une fois mais quatre fois (Rani, Lady S et le Télescope) car « Les trente deniers » est une bonne histoire, une grande aventure remplie de rebondissement, dans le plus pur esprit de E.P. Jacobs, que l’on craignait de ne plus retrouver depuis les plantages de Sente et Juillard, pourtant excellents dans « la Machination Voronov».
Si Claude Lefrancq avait su à côté de quelle manne il passait, lui qui en 80 avait racheté le fond de commerce de E.P. Jacobs et avait été incapable de l’exploiter, contraint de tout revendre pour éviter les créanciers lancés à ses trousses (Il était aussi bon éditeur de littérature populaire qu’il était maladroit gérant de son entreprise).
Quant au graphisme, je me demande si c’est bien utile que tous ces dessinateurs cherchent à tout prix à faire du Jacobs. A mon avis, le seul à tirer valablement son épingle du jeu est Ted Benoit, car aussi consciencieux que le maître mais mis sur la touche parce que aussi lent. Que Blake et Mortimer n’aient plus exactement la même tête qu’avant ne m’aurait aucunement gêné. Pourquoi absolument vouloir copier ?
Sterne se distancie en rajoutant dans sa copie quelques personnages de son cru, dont notamment le personnage de Eléni Philippidès, qu’on croirait sortie tout droit d’un épisode de Adler… A moins que ce ne soit son graphisme naturel qui revenait au galop !
La cassure est facile à repérer pour ceux qui voudront savoir où Sterne a terminé et où Chantal de Spiegeleer a continué. Je ne serai pas aussi bête et méchant que Hugues Dayer qui parle du graphisme des personnages comme de « baudruches sans consistance évoluant dans des décors raides et sans âme ». C’est vrai que le dessin est assez raide mais Van Hamme n’a pas facilité la tâche à ses dessinateurs en sollicitant pas mal de décors et d’action. J’imagine l’énorme charge émotionnelle qui a dû peser sur les frêles épaules de Chantal de Spiegeleer lorsqu’elle choisit de reprendre le travail laissé en friche par son mari. Chapeau, Madame…
Cependant, elle ne terminera pas cette aventure, laissée entre des mains inconnues, les exigences éditoriales exigeant un dénouement rapide… Sans doute qu’avec moins de fioritures et de ficelles de scénariste averti, l’aventure aurait pu être bouclée en un volume…
Shesivan
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