Série: Long John Silver # 3
Auteurs: Lauffray / Dorison
Editeur: Dargaud
Une chronique BD:
Génération BD
© Dargaud
Présentation de la BD «Long John Silver # 3» :
En vue des côtes d’Amérique du sud, Long John Silver a enfin laissé tombé le masque… Poussé par la mort injuste de Jack, il a donné le signal de la mutinerie sur le « Neptune », éliminé son capitaine et prit le pouvoir. Mais il a aussi jeté la carte au trésor par-dessus bord et le voilà qui doit faire confiance à l’énigmatique Moxtechica, l’indien dépêché par Lord Byron Hastings…
Après avoir essuyé un grain, le « Neptune » trouve enfin l’embouchure de l’Amazonas et progresse vers la fameuse cité de Guyanacapac et ses immenses richesses… Chacun conspire à qui mieux mieux à bord du vaisseau, Lady Vivian, Jasper, le docteur Livesey, Mr Dantzig, mais, troublé par les ruines cyclopéennes que le vaisseau trouve sur sa route, Silver négligera une pièce maîtresse sur l’échiquier de la tromperie…
L’avis de Shesivan :
Après le climat humide et glacial de l’Angleterre (volume 1 - Lady Vivian Hastings), les embruns et les flots démontés de l’Atlantique (volume 2 – Neptune), le « Neptune » s’engage dans le fleuve ( Le Labyrinthe d’émeraude) l’Amazonas, moiteur tropicale, humidité qui corrompt nourriture et caractères les plus endurcis, déjà mis rudement à l’épreuve. L’illustrateur autant que dessinateur Mathieu Lauffray nous rappelle chaque climax différent grâce à ses superbes couvertures aux teintes glauques, verdâtres, de vrais affiches de films…
Xavier Dorison, scénariste que je ne présente plus – si, pour le plaisir : W.E.S.T., Prophet, le Troisième testament - revient avec un récit qui flirte à nouveau du côté de H.P.L., Lovecraft pour les intimes. Arbres monstrueux, ruines cyclopéennes, des récits qui ressemblent à d’horribles légendes…
Mathieu Lauffray n’a aucune peine à mettre en images les visions de son complice, vision dont il est également le générateur puisqu’il est crédité en tant que co-scénariste. Après le bleu de l’océan et de l’embouchure du fleuve, première partie lumineuse, nous sommes happés par la verdeur glauque de la jungle, à l’ombre des grands arbres avares à laisser passer la lumière… Lauffray possède ce don rare qui fait que le lecteur ressent exactement l’ambiance dans laquelle il plonge ses personnages. Je vous jure que durant ma lecture j’ai ressenti un silence palpable lorsque le Neptune, après avoir failli se fracasser sur les rochers, s’engage sur le paisible fleuve sud-américain…
Lauffray n’hésite pas à nous offrir de nombreux plans larges (de toute beauté) pour mieux montrer l’imposant vaisseau comme une coquille de noix dans cette environnement oppressant où le plus petit insecte est une créature hostile…
Il nous fait également partager un vrai festival de tronches, dont le plus sordide est sans nul doute le personnage principal de la série, un Long John Silver qui a laissé tomber depuis longtemps le perroquet qu’il portait sur son épaule et toute jovialité… Le pirate apparaît sous son vrai jour…
Dorison et Lauffray conduisent leurs personnages vers un destin dont personne ne sortira riche, voire vivant… au fur et à mesure des pages, véritable huis clos oppressant dominé en final par le monstrueux Nemrod, le vaisseau de Lord Byron Hastings, gîsant tel un léviathan terrassé, offrande sacrificielle au pied des ruines cyclopéennes…
Enfin une vraie histoire de pirates !
Et une bouteille de rhum
Shesivan
et en prime, moussaillon, bientôt une interview de Mathieu Lauffray
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