L'histoire:
Eloïse, après son aventure en Toscane, a trouvé un nouvel emploi auprès d’une famille établie dans une sombre forêt anglaise qui semble cacher beaucoup de secrets. Chargée de la garde d’une jeune femme atteinte de schizophrénie, notre blonde héroïne la laisse s’échapper et c’est en se lançant à sa poursuite qu’elle comprendra petit à petit pourquoi la malheureuse a sombré dans la folie…
Mon avis:
François Deflandre. Le nom d’un Bruxellois qui sonne bien belge, qui sonne bilingue, à l’heure où le séparatisme repointe le bout de son neus. François Deflandre est un artiste complet, il réalise tout lui-même de A à Z : il imagine son histoire, réalise scénario et découpage, mise en page, dessin, coloriage. Il va même jusqu’à réaliser ses propres ex-libris et une exposition démontrant le cheminement de son œuvre. Car dans le cas de cet artiste, on peut réellement parler d’œuvre. Chaque album – et on regrette qu’il y en ait si peu – est vraiment pensé et baigne dans une ambiance qui est propre à lui. Car Deflandre a ce côté magique de pouvoir générer une ambiance, de par son récit soutenu et aussi en travaillant sur un papier à la texture particulière sur lequel il trace ses fameuses cases-vitraux qui donne à l’histoire un je ne sais quoi d’irréalité, comme un cauchemar éveillé. Car « Le Cercle des Spectres » est bel et bien un cauchemar que l’auteur nous invite à vivre, celui de cette jeune femme traumatisée par un évènement dramatique, aussi celui d’Eloïse venue la surveiller. C’est que la belle Eloïse – sosie sur papier de Jeanne Moreau dans « le Journal d’une femme de chambre » de Buñuel – ne peut s’empêcher de fourrer son nez partout, en bonne héroïne BD qui se respecte. Cette fois-ci, après le climat étouffant de la Toscane, nous la retrouvons en humide Albion, perdue dans une villa au look expo 58 moderne au milieu d’une sinistre forêt, à quelques encablures des ruines d’un pensionnat mystérieusement incendié et d’un étrange mausolée. Après Puzzle Gothique (également paru chez Mosquito) et le trop méconnu Sang des automates, François Deflandre imprime une fois de plus une ambiance fantastique à son récit, dans la tradition de nos meilleurs auteurs belges du genre et notamment Thomas Owen. La narration est fluide grâce à un scénario soutenu mais aussi grâce à cette ligne claire qui lui est propre, illustrations agrémentées, enluminées, dominées par la couleur rouge, celle du sang, du feu, du drame… le tout sur fond de grisaille grâce au papier de teinte « crépuscule ».
Lisez cette album car il n’est pas comme les autres, ici vous ne trouverez trace de formatage, et ensuite rendez-vous à l’exposition du making of de l’œuvre dans les halles Saint Géry jusqu’au 21 décembre.
Shesivan