Série: Canardo #0
Auteurs: Benoît Sokal, Pascal Regnauld
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Canardo est à la tête d’une organisation dont le but est de surprendre un politicien en pleine séance de partie fine en compagnie d’une prostituée nommée Betty. Ce politicien aux idées bien arrêtées sur une unification culturelle supranationale entre les minorités du Belgambourg , y compris les flamands (ce que Sokal traduit par un échange de recette de praline au chocolat fourré à la pâte d’amande contre les secrets de l’édition de bande dessinée ou la fabrication du vélo) est bien sûr représenté par un cochon !
Au début, tout se passe bien. Le politicien mort à l’hameçon (dans l’album, cela se traduit par : « la poiscaille est dans la bourriche ») mais une tempête de neige vient bouleverser tous les projets.
Canardo, la prostituée, le politicien et son chauffeur se retrouve dans une chambre d’hôte gérée par une famille de nobles désargentés, autant portés sur l’argent que sur le sexe.
Betty va s’éprendre du politicien, tenant pour vraies ses promesses et répondant à son aspiration à se ranger. Lorsqu’elle se rendra compte qu’elle a été manipulée, Betty va se suicider.
L’avis de Phylact
Sokal a été très inspiré par les affaires communautaires, le scandale DSK voire les bunga bunga de Berlusconi : dans un contexte de mixité culturelle, un politicien risque son poste de ministre en sautant sur tout ce qui bouge et essuyant même le refus d’une femme de chambre… Tout rapport entre fiction et réalité semble bien peu fortuit !
L’humour décalé et cynique de Canardo reste bien présent même si le canard alcoolo nous avait habitué à un rôle moins « organisé » que celui qu’il tient dans cet album. Moi qui reste un afficionados de la série, j’ai bien aimé cet opus plus politique que poétique ; ce qui est finalement logique en ces temps de crise.
Sokal garde ses constantes, tel qu’une vision assez désabusée du genre humain ou animal) mais préserve néanmoins toujours une morale : la prostituée qui jouait le rôle d’entraîneuse était peut-être finalement celle qui avait les valeurs les plus grandes. Il gratifie son fin (ou gros c’est selon) limier de quelques répliques dont il a le secret, telles : « un jour , il faudra m’expliquer pourquoi les putes sont plus romantiques que les femmes honnêtes ». Après cela qui dira que Canardo n’est pas un grand philosophe ! De quoi alimenter la discussion de toute une soirée…