Série: Siegfried #3
Auteurs: Alex Alice
Editeur BD: Dargaud
Une chronique BD: Génération BD
Petit retour en arrière sur une sortie déjà relativement ancienne, avec Siegfried III, le crépuscule des dieux, publié chez Dargaud, et le point final de cette œuvre magistrale de Alex Alice dont la célèbre trilogie trouve, dans cet ultime tome, un épilogue largement à la hauteur des deux premiers. L’atterrissage est tout à fait réussi, ce qui n’était pas forcément gagné. Tant de séries se terminent de manière décevante, un peu en queue de poisson visqueuse qui ne frétille plus des masses, quand le soufflé n’est pas déjà retombé en cours de route. Il faut souligner l’intelligence de Alex Alice qui n’a pas allongé inutilement la sauce de son aventure, respectant ainsi non seulement un souci de qualité mais aussi ses lecteurs…
Le visuel, qui dépasse de loin le simple dessin « traditionnel », est une fois encore à couper le souffle, tant par la beauté et la force de certaines cases absolument extraordinaires que par un découpage original et travaillé qui contribue à donner un rythme soutenu aux pérégrinations vécues par Sigfried, personnage central de l’œuvre éponyme, et les autres héros. Parmi les principaux de ceux-ci on retrouve bien évidemment Odin, « dieu des dieux », Mime le nibelung et le Dragon Fafnir, plus que jamais corrompu par la toute puissance de l’or, mais aussi, et pour le coup c’est une bonne surprise, la ravissante Walkyrie.
Un peu à l’instar d’un Bilal ou d’un Druillet, Alex Alice, déjà aux manettes du Troisième testament, autre bande dessinée qui compte parmi les très bonnes productions contemporaines, fait définitivement partie de ces auteurs qui créent de véritables passerelles entre le neuvième art par essence populaire et un art moderne, plus dandy, plus branchouille, dont l’ambition ne se limite pas au seul divertissement.
Pas facile de résumer un scénario, heu… comment dire ?, un chouia complexe, voire carrément obscur pour qui n’est pas rompu aux codes, parfois un peu absconds, de l’héroïc fantasy. Découvrir cet ultime tome sans relire les deux premiers tient véritablement de la gageure, tant le scénario est sinueux et il est vrai un peu chaotique. Relire très attentivement les deux premiers tomes pour resituer les héros, la trame et les enjeux de cette histoire est donc essentiel pour profiter pleinement de cette fabuleuse odyssée.
Pour vous donner l’eau à la bouche et… la main au portefeuille, sachez d’ores et déjà que dans cet ultime tome on quitte la forêt interdite, profonde et marécageuse, pour pénétrer plus avant la splendeur du pays des brumes. On retrouve aussi avec soulagement Walkirie dont on pouvait craindre, dans les dernières cases du deuxième tome, qu’elle n’ait pas survécu à la colère de son père Odin.
La confrontation devenue inévitable entre Siegfried et Fafnir, le dragon, est, comme attendu, évidemment au cœur de l’intrigue de ce crépuscule des dieux. La quête principale de Siegfried reste la quête d’une place dans le pays des hommes. Seul Fafnir connaît le chemin qui y mène. Ignorant le pouvoir des dieux, Siegfried est, lui, le seul qui puisse, à l’issue de ce combat contre ce monstre qui « ronge les entrailles de la terre », sauver le monde. Y parviendra-t-il? Suspense...
Une œuvre, vous l’aurez compris, à découvrir de toute urgence,… si ce n’est déjà fait !
Vds