Série: Moi René Tardi Prisonnier de guerre au Stalag IIB
Auteurs: Tardi
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
A l'occasion du 40ème Festival d'Angoulême, PriceMinister avait lancé l'opération "La BD fait son festival" en proposant aux blogueurs de faire la critique d'une œuvre issue de la Sélection Officielle du Festival d'Angoulême 2013.
Mon choix s'est porté sur l'album du talentueux Tardi : Moi, René Tardi, Prisonnier de guerre au Stalag IIB.
L'histoire
Sentant venir la guerre, René Tardi s'engage dans l'armée dès 1935 et devient militaire de carrière au 504e régiment de chars de combat à Valence. C'est donc tout naturellement qu'il prend part aux combats de 1940 aux commandes d'un char épaulé par son mécano pour couper la route à l'envahisseur allemand. Très vite, trop vite, René Tardi est vaincu dans la Somme et doit rendre les armes en ce funeste 22 mai 1940 après s'être battu sans grand appui de sa hiérarchie militaire, dépassée par les événements. Il en développa une certaine amertume qui ne le quittera jamais.
Fait prisonnier, René Tardi, 25 ans, est parqué dans une prairie en compagnie de milliers d'autres hommes de toutes nationalités avant d'être ensuite déporté en territoire ennemi dans des wagons à bestiaux jusqu'au camp de prisonnier, le Stalag IIB où il va y vivre durant 5 ans.
Là-bas, en Poméranie Orientale, René va connaître une vie désespérante et monotone. Son quotidien de captivité, c'est l'obsession de la faim, le froid, la promiscuité, les rassemblements répétitifs pour l'appel, les fouilles, les brutalités, les humiliations, les tentatives d'évasion avortées et sa participation à un kommando de travail dans une ferme agricole. Mais dans toute cette noirceur, il y a aussi l'amitié avec son pote Drouot qui deviendra son meilleur ami et Chardonnet, son compagnon de cavale.
On suit René Tardi jusqu'en janvier 1945 avec l'évacuation du camp ordonnée par les Allemands effrayés par l'arrivée des Russes.
Un nouveau voyage mais ça c'est une autre histoire...
Mon avis
J'ai été touchée par la sincérité qui se dégage de cet album. L'auteur Jacques Tardi nous offre une œuvre personnelle en nous dévoilant un pan de la vie de son père, René Tardi et surtout de la captivité de ce dernier en Allemagne. C'est un hommage vibrant du fils à son père, doublé d'un travail de mémoire sur ces 1.600.000 soldats faits prisonniers durant la Seconde Guerre Mondial et envoyés dans des camps de travail en Allemagne et en Pologne. J'ai pu grâce à cet ouvrage me rendre compte à quel point l'humiliation de la défaite et l'épreuve de la captivité furent cruelles pour ces prisonniers de guerre, victimes silencieuses et ignorées.
Jacques Tardi excelle dans la transposition en images des écrits que son père a laissés dans trois carnets rédigés à sa propre demande pour témoigner de son vécu de soldat. C'est instructif !
Des souvenirs d'un vieil homme est né un album captivant sur lequel se sont penchés Jacques Tardi au dessin, Rachel et Oscar Tardi, les enfants de l'auteur, respectivement sur la mise en couleur (gris et noir) et sur la recherche documentaire. Une vraie histoire de famille où Jacques Tardi n'hésite pas à se représenter enfant, dialoguant avec son père et lui posant des questions. Cela aurait pu sembler anachronique mais cela apporte, à mon sens, une véritable dynamique au récit.
Un livre à découvrir, à lire et à relire.
Gladys