Fondation Z
Scénariste : Denis-Pierre Filippi
Dessinateur : Fabrice Lebeault
Editeur: Dupuis

Mon avis
Les séries dérivées de Spirou par différents auteurs se suivent mais ne se ressemblent pas. Certains albums sont une réussite (tels ceux de Schwartz et Yann ou le dernier de Verron et Sente), d’autres me laissent plus dubitatifs (celui de Parme et Trondheim ou celui de Téhem et Makyo). Les auteurs ont carte blanche pour créer leur histoire personnelle et leur vision du célèbre groom créé par Rob-Vel puis repris par Jijé, Franquin, Fournier, Broca, Tome et Janry, Munuera et actuellement Yoann, mais le résultat n’est pour moi pas toujours à la hauteur des attentes !
Comme pour les comics américain, le personnage n’appartient pas aux auteurs et c’est l’éditeur qui peut donc décider de qui pourra reprendre et dessiner ce héros né en 1938 et qui fête donc cette année ses 80 printemps !
Le Spirou de Lebeault et Filippi, numéro 13 dans les reprises, me laisse un goût étrange. C’est un Spirou futuriste qui revisite les codes ! Seccotine est la sœur de Spirou, Spip un petit robot (qui prend même l’allure de Flagada à un moment !) et le Comte de Champignac leur grand-père (sic !).

Dans l’univers futuriste et steampunk développé par Filippi, l’amateur de Spirou devra donc bien accrocher sa ceinture et ne pas avaler de travers face aux (grands) bouleversements opérés dans cette histoire. Car les codes habituels sont mis de côté et Denis Filippi nous livre une version très personnelle et plutôt éloignée de ce que j’en attendais. Le début de cette histoire est d’ailleurs plutôt déstabilisant et il m’a fallu quelques pages avant de vraiment rentrer dans cette histoire de science-fiction. Et même s’il donne peu de détails sur la véritable fonction de la Fondation Z, l’ensemble du scénario tient la route, et il nous fournit même dans sa conclusion un lien très audacieux avec la série-mère.
Le dessinateur Fabrice Lebeault (Horologiom, Croquemitaine ) est vraiment à l’aise dans cet univers, lui qui adore les machine volantes, robots, architectures audacieuses et cadrages spectaculaires et hors normes. Grâce à son travail particulièrement bien soigné, le résultat est magnifique en termes d’ambiances et de décors, même si le visage des personnages clés diffèrent fortement des modèles de références. On sent néanmoins qu’il s’est amusé et son gros travail est l’élément positif de cet album.
A voir comment va réagir le lectorat : les puristes risquent de crier au scandale, les autres découvriront de nouvelles facettes de Spirou. Finalement, à mon sens ce qui est dommage dans cette aventure, c’est le manque d’humour présent, alors que généralement les touches humoristiques permettent de captiver aussi le lecteur, en plus de l’intrigue et de l’action.
1938-2018 : 80 ans de Spirou
Pour info, voici la programmation annoncée par Dupuis pour célébrer l’anniversaire du groom en 2018-2019 (en plus de cet épisode) :
- « Spirou ou l’espoir malgré tout » (octobre 2018), monumentale suite (en 327 pages !) du « Journal d’un ingénu » par Émile Bravo
- « Pacific Palace » de Christian Durieux (en 2019)
- « Soumaya » de Zidrou et Marc Hardy
- « La Gorgone bleue » de Yann et Dany
Du côté de la série-mère, Fabien Velhman et Yoann prévoient un 56e tome pour fin de l’année 2018, avant le retour ultérieur de « Supergroom » en format comics.
Enfin, au programme également des hors-séries ou dérivés tels le deuxième « Zorglub » de Munuera, un album concernant le comte de Champignac (réalisé par David Étien) et une version allemande de Spirou (« Spirou à Berlin ») qui sera proposée dès juillet prochain par Dupuis et l’éditeur Carlsen.
Maroulf