Histoires de la coupe du monde
Dessinateur : Collectif
Scénariste : Emmanuel Marie
Editeur: Petit à Petit
Comment résumer l’histoire de la coupe du monde ? En la découpant par chapitres (un ou plusieurs), tous étant propres à une coupe du monde spécifique, depuis ses début (1930) jusque 2014.
Et le charme opère… On y découvre que les différentes phases des coupes du monde ont été tout sauf des longs fleuves tranquilles…
Par exemple, pour la toute première organisée par Jules Rimet (président de la Fifa en 1936), il faut deux semaines de traversée aux équipes européennes pour parvenir en Uruguay (un bateau prendra les équipes de France, De Belgique et de Roumanie) et la principale difficulté était de libérer les joueurs de leur travail à l’usine pour une si longue durée ! 15.000 supporters sont venus en bateau pour encourager leur équipe mais sont arrivés trop tard…
De plus, au débit, les remplacements n’étaient pas possibles et un joueur va devoir jouer un mi-temps sur une jambe après une fracture du péroné… Un autre jouera avec un bras en atèle…
L’histoire du mondial est aussi parsemé d’épisodes politiques tel que le refus de Matthias Sindelaar de jouer pour l’Autriche qui venait d’être annexée par l’Allemagne en 1938. Ce sera aussi le refus des joueurs Algériens de jouer pour la France en 1958 en plein conflit d’Algérie (lire « Un maillot pour l’Algérie, collection aire libre chez Dupuis), la déchéance d’un joueur zaïrois mis de côté par Mobutu,…
L’équipe de Hongrie était invincible en 1954, de 1950 à 1954, elle est invaincue sur ses 29 matches mais le succès lui a tellement gonflé le coup que les joueurs font la fête la veille de leur finale contre l’Allemagne (qu’ils avaient battus 8-3 en poules) mais ils seront finalement battus 3-2 faute d’y avoir trop cru…
Cette histoire est aussi cruelle. Un gardien brésilien sera mis au ban de son pays pour avoir raté un arrêt, un joueur Colombien, Andres Escobar, sera abattu à son retour de compétition pour avoir fait perdre beaucoup d’argent à un cartel local. Elle évoque également des moments plus noirs de corruption…
Elle est également positive dans le mesure où elle consacre des héros du ballon rond tels que Pelé, Maradona ou Zidane (dont le coup de boule fait l’objet d’un chapitre spécial).
La violence au football reste encore bien présente au point que l’arbitre doit faire appel à la police pour sortir des joueurs du terrain en 1962, c’est ce même arbitre, Ken Aston, qui inventera en 1970 la carte jaune et la carte rouge…
A ceci, s’ajoutent d’autres anecdotes plus cocasses ou légères qui émaillèrent ce concours hors du commun…
C’est vraiment une très chouette idée qu’ont eu les éditons Petit à Petit, compiler une période de 84 ans de coupes du monde est très riches en anecdotes en tous genres. Le fait de présenter ces faits de l’histoire de foot par année renforce la clarté et permet de lire ce livre par étapes (les mauvaises langues diront que c’est parfait pour lire dans les toilettes !) car tout lire d’un coup pourrait être un peu lourd.
Ces épisodes de trois planches (desinées par 28 dessinateurs différents mais un même scénariste) sont complétés par un texte plus détaillé, des photos d’époque et quelques anecdotes complémentaires. Cerise sur le gâteau, des petits médaillons illustrés relèvent les faits marquant de l’époque (par exemple la révolution de Fidel Castro et la sortie du premier album de Serge Gainsbourg en 1958) et, ultime bonus, un ouvrage de référence en lien avec le sujet est conseillé pour approfondir ses connaissances.
On pourrait reprocher à cet ouvrage d’être un peu trop Français et c’est vrai que s’il comporte un peu plus de détails nationaux, il a le bon goût de ne pas être excessivement chauvin, faisant la part belle tant à leur victoire de 1998 qu’à leur débacle ridicule en 2010… Il n’y a quasiment pas d’anecdotes sur la Belgique.
Au final, on a donc un très chouette livre dont la lecture plaira à beaucoup de monde (à moins que vous n’attrapiez des boutons en entendant le mot football), il n’est donc pas réservé qu’à une élite calée sur le sujet.
J’ai pu relever quelques imprécisions mais cet ouvrage n’en reste pas moins instructif et distrayant, il permet de mieux comprendre pourquoi le mondial passionne tant les gens… Je lui donne donc un coup de cœur pour ce bel effort !