Pour la peau
Dessinateur : Zac Deloupy
Coloriste : Zac Deloupy
Scénariste : Sandrine Saint-Marc
Editeur: Delcourt
Gabriel, costard-cravate, travaillant en haut de l’immeuble, rencontre par hasard Mathilde, travaillant dans une radio au rez-de-chaussée du même immeuble lors d’une fête de quartier.
Ce qui devait être une rencontre fortuite devient un coup de foudre sexuel, bien que tous les deux mariés, ce « couple » improbable va ressentir une irrépressible envie de l’autre.
La première relation aura lieu dans les toilettes. Les deux ne se voient plus alors pendant un certain temps mais restent obnubilés par l’envie de revoir l’autre. Lorsque le contact est rétabli, Mathilde monte à l’étage pour retrouver Gabriel, chaque rencontre fait l’objet d’une relation amoureuse, crue, presque bestiale, entre addiction sexuelle et passion amoureuse…
Lorsque Mathilde apprend qu’elle est enceinte, elle coupe les ponts avec Gabriel non sans lui avoir fait une dernière fois l’amour.
Gabriel se morfond par l’absence de contact mais Mathilde le recontacte pour un week-end torride à la campagne. A nouveau plus de nouvelles, jusqu’au moment où Gabriel apprend que Mathilde, suite à un accident, a perdu son enfant et souffre d’amnésie. La reprise de contact semble cependant signifier que l’envie de l’autre est plus forte que l’amnésie.
La bande dessinée érotique est toujours un genre de part car la limite entre un livre pornographique et érotique est toujours ténue. Personnellement, je mettrais la différence dans une dimension esthétique et un récit un minimum consistant. La série Erotix de Delcourt navigue sur ce fil ténu. Pour avoir chroniqué dans la même collection « Jardin d’Eden » de Gilbert Hernandez, j’avoue que je découvrais cet album avec une certaine appréhension…
La surprise est plutôt positive. Le fait que cet album soit scénarisé et dessiné par deux femmes n’est probablement pas anodin. En effet, contrairement à une vision pornographique classique où la femme est l’objet de l’homme, ici, les deux protagonistes sont mis sur pied d’égalité. Dans certains passages, on vit ce que Gabriel ressent mais dans d’autre, c’est Mathilde qui exprime son ressenti, son plaisir,…
Les âmes sensibles (et surtout les trop jeunes lecteurs !) éviteront probablement la lecture de cette histoire car le sexe est omniprésent, que ce soit en pensée ou en actions, il est présenté sans tabou, dans sa pulsion animale, pulsion partagée. Fellations, sodomie ne sont pas censurés au risque de heurter certains, les planches illustrant cette chroniques ont volontairement été sélectionnées dans les plus soft. Il y a un risque réel de choquer le lecteur….
Le dessin est soigné et pour moi ne démérite pas par rapport à d’autres auteurs éminents de la bande dessinée érotique. Relater une passion animale a déjà été exploité au cinéma dans des films tels que « Une liaison pornographique » de Frédéric Fonteyne ou « Baise-moi » de Virginie Despentes.
Au final, un album qui ne laisse pas indifférent mais qui mérite le détour si vous désirez approfondir votre champ de vision de cette catégorie de bande dessinée bien particulier mais pas dénué d’intérêt…