Robinson père et fils
Dessinateur : Didier Tronchet
Scénariste : Didier Tronchet
Editeur: Delcourt
Raconté avec beaucoup d’humour et une certaine simplicité (Didier Tronchet n’élude pas certains épisodes où il s’est senti parfois un peu ridicule), ce récit est d’abord une histoire humaine : celle d’une relation entre un père et son fils dans une période plus délicate et celle d’un retour à soi-même, où l’on essaie de se débarrasser de tous les artefacts de la société moderne pour essayer de se centrer sur l’essentiel.
En retraite dorée sur cette île, Didier Tronchet évoque avec une joyeuse sincérité les difficultés pour s’adapter à ce style de vie, sa prise de conscience que son fils n’a plus besoin d’un père qui subvient à ses besoins où le protège mais plutôt d’un compagnon de route bienveillant. Créer cette nouvelle relation n’est pas une chose aisée mais le contexte de cette île perdue au milieu de nulle part favoriser la remise en question.
Je me souviens avoir discuté avec Didier Tronchet lors de la foire du livre de 2018 et je demandais à l’auteur s’il préférait ses dernières productions plus sérieuses où s’il regrettait ses séries plus déjantées telles que Jean-Claude Tergal. Sans hésiter, Didier Tronchet m’a expliqué qu’il prenait davantage de plaisir dans ce qu’il faisait aujourd’hui et je ne peux qu’abonder dans ce sens.
Depuis qu’il a adopté une vision davantage humaniste (même si l’humour n’est jamais très loin), l’auteur a gagné pour moi en profondeur, en justesse mais aussi en authenticité. Peut-être, est-ce moins vendeur mais personnellement, je trouve cela beaucoup plus qualitatif et le « nouveau Tronchet » mérite d’être découvert. Je pense aussi que c’est un peu la suite d’une carrière déjà assez longue, l’auteur a décidé aujourd’hui de se faire plaisir et, ce qui est cool, c’est qu’il a décidé de partager ce plaisir avec nous !