Derniers frimas de l'hiver
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Jean-Baptiste Andreae
Editeur: Vents d'Ouest
Mon avis
Un chouette tome conclusif pour achever cette série de 5 albums entamée sur les chapeaux de roue ! Le dessin de Jean-Baptiste Andreae participe beaucoup à la réussite des albums, véritables petits bijoux de toute beauté ! Et non seulement son dessin en couleur directe est fantastique, mais en outre il réalise des compositions et des découpages originaux. Ainsi par exemple le parallèle complet entre les planches 25 et 33 avec l’arrivée de Manille puis de sa mère ; ou encore la planche 34 superbement construite, dans laquelle mère et fille se font face jusque dans la composition graphique. Et la colorisation différente selon les lieux permet également de déterminer les ambiances tantôt froides et tantôt plus chaudes.
Alors que le premier épisode lorgnait du côté de Lewis Caroll avec un peu de « Alice au Pays des Merveilles » et son lapin horaire, Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux) nous a progressivement éloigné de cet univers tout en restant très loufoque. Et dans ce dernier tome, il ajoute des messages et éléments de réflexions pour le lecteur comme la façon dont les migrants sont traités aux frontières ou les changements climatiques.
Il use également de phrases choc comme « j’ai d’autres ici à localiser ailleurs », l’utilisation du terme « réfugelés » ou encore « Peut-être que le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie ! » et bien entendu insère plein d’humour et de non-sens dans cet univers débridé, fantasque et abracadabrant !
Et l’absurde de l’histoire est présente dès le début d’album lorsque l’on croise le jaloneur qui installe des points signalétiques « vous êtes ici » un peu partout…ne pouvant plus s’orienter lui-même avec la glace qui recouvre tout et ne pouvant donc pas aider le chevalier de la Pérue.
Signalons aussi le travail réalisé sur les pages de garde, souvent survolées, mais qui pourtant valent aussi le détour. Chaque album bénéficie d’un travail différent, avec des illustrations précises de l’encyclopédie d’Aristide Breloquinte sur les divers animaux mangeurs de temps. On y trouve cette fois notamment le Manchot ample-heure et leur terrible chrono-lie ou encore la Gypaète cuivré à pieds bleus qui s’attaque sans vergogne aux horloges des beffrois et des clochers.
Même si cet album m’a légèrement moins séduit, j’attribue un coup de cœur pour l’ensemble de la série !
Maroulf