Anaïs Nin
Série: Anaïs Nin, Tome Sur la mer des mensonges
Dessinateur : Léonie Bischoff
Scénariste : Léonie Bischoff
Coloriste : Léonie Bischoff
Editeur: Casterman
L’histoire
Début des années 30, Anaïs Nin, une jeune écrivaine qui n’a encore rien édité, a un peu du mal à s’épanouir depuis qu’elle a quitté New York et se retrouve en France près de son mari, Hugo. Depuis que celui-ci a trouvé un bel emploi dans une banque, il a arrêté d’être poète et la vie mondaine dans les milieux d’affaires ne convient pas à la jeune femme… Croire que Anaïs va se contenter de cette vie-là est bien peu la connaître, plusieurs femmes sont en elles…
Anaïs tient un journal intime où elle raconte ses différentes vies et aimerait que ses notes se transforment en un roman… Lorsqu’elle pratique des cours de Flamenco, une sensualité éveille chez elle des nouvelles sensations qu’elle n’a pas encore éprouvées avec Hugo. Cette sensualité s’exprime aussi auprès de son professeur de danse. La rencontre avec un écrivain nommé Henry Miller va être source d’un nouvel épanouissement intellectuel. La femme de Henry, June a aussi une personnalité qui trouble les sens de Anaïs…
Lorsque June repart à New York, les liens se resserrent entre Henry et Anaïs, leur relation devient autant charnelle qu’intellectuelle… Anaïs décide de suivre une psychanalyse avec le Dr Allendy. Lors de cette thérapie, Anaïs pourra exprimer ses sentiments partagés pour ce père qui pouvait se montrer très attentionné pour elle (et même bien trop vu que cette attention était également sexuelle) et qui en même l’a abandonnée, elle, sa mère et son frère… De cette thérapie naîtra une nouvelle union charnelle parallèle avec le thérapeute, mais celle-ci ne fera pas long feu… Lorsque Anaïs va rejoindre son père en vacances, une relation charnelle va à nouveau s’établir pendant quelques jours, étapes peut-être incontournable pour que la jeune femme réalise qu’elle était amoureuse d’un fantôme et que son père n’était plus qu’un vieil homme… Après avoir mis un terme avec le Dr Allendi, Anaïs reprend une thérapie avec Otto Rank, un analyste. Le contact passe vite et Anaïs accepte de se détacher de son livre intime et de prendre du recul par rapport à ses relations, une nouvelle relation charnelle se crée néanmoins avec le thérapeute. Anaïs cumule donc ses relations avec Hugo, Henry Miller, Otto Rank. C’est à cette période qu’elle apprend qu’elle est enceinte et décide d’avorter, estimant avoir déjà trop de (grands) enfants à s’occuper…
Au bout de ce long cheminement où elle aura bénéficié du soutien de Hugo durant tout ce parcours, Anaïs Nin se sent apaisée et réussit à écrire son roman, un équilibre semble s’être installé en elle… Mon avis
Fameux parcours atypique pour l’époque que la vie de l’écrivaine Anaïs Nin, connue pour ses romans aux connotations érotiques, mais qui se caractérise par un esprit très moderne où la femme est d’abord émancipée et libre de ses choix… La relation avec son père trahit néanmoins des souffrances enfouies qu’elle semble gérer par la rédaction de son journal intime ; celui-ci ne sera d’ailleurs publié qu’après sa mort et celle de son mari. Il faut préciser aussi que le livre ne retranscrit pas la vie entière de l’écrivain et que celle-ci avait probablement une personnalité
encore plus complexe que ne le laisse transparaître la bande dessinée (même si
elle en aborde déjà plusieurs facettes).
Anaïs Nin est une femme passionnée de la vie et des hommes et conçoit chacune de ses relations comme une expérience de vie différente ; ce qui fait qu’elle n’éprouve aucun sentiment de culpabilité lorsqu’elle entame une relation avec un autre homme que son mari ou l’un de ses
autres amants. Sa seule motivation est de vivre de manière intense et de mieux se connaître en rencontrant d’autres personnes…
Le livre présente cette option de vie de manière nuancée, laissant le lecteur se forger sa propre opinion… On peut être choqué par ce manque de fidélité (même si elle ne le vit pas comme cela) ou séduit par cette curiosité de l’autre et son ouverture d’esprit dans un contexte historique où la femme servait surtout de faire valoir à soin mari… Le livre reprend fort à propos une citation d’Anaïs Nin : « La vie seule ne peut satisfaire l’imagination ».
Personnellement, j’ai apprécié ce caractère fondeur épris de liberté personnelle et de soif de découverte. Le fait que le récit soit scénarisé et mis en image par une femme, Léonie Bisschoff, me semble tout à fait légitime, car je pense qu’une femme peut probablement transmettre les
sentiments d’Anaïs de la manière la plus juste possible. Au passage, je tiens à relever l’excellent graphisme au crayon qui allie finesse du trait à la finesse du récit.
Je ne peux donc donner à ce récit qu’un coup de cœur bien mérité !
Phylact