Peindre ou ne pas peindre
Dessinateur : Philippe Dupuy
Scénariste : Philippe Dupuy
Coloriste : Philippe Dupuy
Editeur: Dupuis
Peindre ou ne pas peindre est un album complexe qui décrit deux vies parallèles qui finissent (tardivement) par se croiser… Chez chacun des deux protagonistes principaux (Man Ray, Poiret), il y a un dilemme entre se consacrer à la peinture ou transfigurer son art par une autre voie : la photographie ou le stylisme de mode… Les deux fois, ce sont deux caractères forts qui savent vers quoi ils veulent aller au-delà de leur questionnement identique… Les deux vont marquer leur époque par leur modernité…
Man Ray (1890-1976) va s’écarter très progressivement de la peinture pour se lancer dans la photographie, lancée par ses photos de mode pour Poiret. Il fait partie des précurseurs du mouvement dada et du surréalisme, il exploitera la technique de solarisation en photographie. Comme Poiret, en fin de vie, il va se remettre à la peinture.
Paul Poiret (1840-1903) développe des vêtements dans la tendance de l’art nouveau et de l’orientalisme, il supprime le corset au profit de la robe taille haute qui va libérer bien de femmes et attache une grande importance à la qualité des tissus. Il connait la gloire et la renommée, mais également la déchéance financière pour terminer dans l’oubli…
Philippe Dupuy a eu la bonne idée de relater le croisement de ces deux destinées pas banales fondé sur des faits réels et visiblement bien documentés même si on peut imaginer que l’auteur aura laissé une marge d’interprétation personnelle à la confrontation des deux hommes…
Pour une fois qu’il ne travaille pas avec Berberian (enfin, ce n’est pas la première fois quand même !), l’auteur nous livre une bande dessinée aboutie et bien construite dans son style graphique qui lui est propre. Personnellement, j’ai apprécié ce travail bien fait même si j’aurais aimé davantage d’ « humanité » dans les personnages. J’aurai cependant découvert deux vies de personnes qui méritaient d’être découvertes et qui manquaient cruellement à ma culture générale. La qualité de la collection Aire Libre a visiblement encore de beaux jours devant elle…