L'insurgée de Varsovie
Série: Histoire et destins, Tome 2
Scénariste : Jean-Pierre Pecau
Dessinateur : Dragan Paunovic
Coloriste : Bertrand Denoulet
Editeur: Delcourt
Septembre 1944, des avions anglais survolent la ville de Varsovie décimée par la guerre. Leur objectif est de larguer du matériel destiné aux insurgés du régime allemand dans de grands rouleaux métalliques… Les Allemands ont pris la fuite suite à l’insurrection du peuple polonais le 1er août 1944, mais ce n’était que pour mieux revenir et les insurgés essaie de défendre la ville, le temps que l’armée russe vienne à leur secours, mais celle-ci est coincée de l’autre côté de la Vistule et ils ne peuvent donc que se défendre seuls.
Maria fait partie de ce groupe et est envoyée par leur chef, Andrej, pour aller récupérer le contenu d’un des rouleaux qui a été largué. Elle s’adjoint les services de deux très jeunes homes, Adrian et Karol. Au prix de leur vie et à la merci d’un tireur isolé, le tri parvient à un rouleau, mais celui-ci, au lieu de contenir des armes, contient des fleurs et un mot de félicitations aux insurgés !
Maria fait preuve de bravoure dans cette lutte contre l’occupant allemand, n’hésitant pas à passer par les toits pour déloger une mitrailleuse assassine, bien protégée dans une cave…
Mais les insurgés, même héroïques, font bien peu le poids face aux grands moyens militaires des Allemands. Andrej va être victime d’un tireur embusqué. Comme celui-ci voulait poser des bombes sous des maisons occupées par les Allemands, Sabina va prendre le relais, accompagnée d’Adrian et d’un jeune prêtre qui s’est rallié à leur cause. Le groupe parvient à s’infiltrer sous les caves et active le retardateur, mais s’y retrouve coincés car des Allemands sont face à eux. Heureusement pour eux, le mécanisme ne fonctionne pas et l’explosion n’a pas lieu.
Maria aura encore de beaux faits d’armes devant elle, traversant la ligne ennemie pour demander l’appui d’autres groupes armés en dehors de la ville, mais tous ces efforts n’empêcheront pas la défaite des insurgés, Adrian et Karol y perdant la vie. Blessée, Maria est emmenée à Pérelka puis dans une ancienne prison de la Gestapo où elle est séquestrée par l’armée russe. Grâce au soutien d’un soldat russe, Maria pourra fuir cet endroit ; ce qui lui vaudra probablement son salut.Terrible histoire que celle de cette Polonaise, Maria-Sabina Devrim, encore en vie à ce jour (elle vit à Paris). Il est difficile de résumer les enjeux des insurgés qui voulaient obtenir leur indépendance tant par rapport aux Allemands qu’à la Russie dirigée par Staline. Un feuillet annexé en fin d’album permet de mieux comprendre le contexte de l’époque et la manière dont la résistance s’est organisée…
C’est d’ailleurs l’un des principaux intérêts de cette série ‘Histoire et destins » dirigée par Delcourt (dont nous avons déjà chroniqué le tome 1 consacré au commandant Massoud), elle met en scène un récit d’action basé sur des faits réels, et ce, avec une grande rigueur historique. Plus encore que pour « Le garde du corps de Massoud », j’ai trouvé l’histoire particulièrement bien scénarisée, ne donnant pas du tout l’impression d’être dans un roman purement historique (même si on prend bien conscience du contexte), c’est donc à la fois une lecture instructive et divertissante.
On ne peut qu’être touché par la personnalité de Maria-Sabina qui se dévoue corps et âme pour cette cause qui lui semble si juste et peut-être aussi un peu désespérée. L’Allemagne n’a pas fait de cadeaux aux Polonais, rasant quasiment la ville et tuant 15.000 insurgés ainsi que pas moins de 200.000 civils. Sans compter qu’après la guerre, la Pologne sera sous le joug de la Russie (qui pourtant n’a pas été tendre non plus avec le peuple polonais), ce qui n’était pas un cadeau non plus…
En parcourant la vie de résistante de Maria-Sabina Devrim, on découvre la vie d’une héroïne, mais aussi l’histoire d’une ville et d’une population terriblement meurtries par la guerre. Une lecture hautement recommandable donc !