BD Classic

New York, 1931. Une fusillade éclate en plein concert dans un club de Jazz de Harlem. C'est l’œuvre du mafieux Dutch Schultz, alias "le Hollandais", qui veut prendre le contrôle du territoire de Stéphanie St. Clair, surnommée "Queenie". Mais celle-ci est prête à tout pour défendre sa position de reine du Jeu des Nombres, la très lucrative loterie clandestine qu'elle a mise en place dans le quartier noir.
Au lieu de poursuivre la bande du Hollandais, les policiers qui ont débarqué devant le club préfèrent menacer Queenie et arrêter Ellsworth "Bumpy" Johnson, son homme de main, garde du corps et amant.
Ecœurée par cette attitude raciste, Queenie décide de publier dans la presse locale un avertissement dénonçant les exactions de la mafia et l'inaction de la police aux ordre d'un maire corrompu, qui assure l'impunité de la mafia blanche.

L'avis de Félix

Harlem est le nouvel album de l'auteur franco-canadien Mikaël. Après ses deux superbes diptyques Giant et Bootblack, également situés à New York, Mikaël nous emmène cette fois-ci au cœur de Harlem, le quartier nord de Manhattan.
Le récit est librement inspiré de faits réels, et surtout de personnages ayant réellement marqué la criminalité new-yorkaise des années '30, au moment de la "Renaissance de Harlem", un mouvement de renouveau de la culture afro-américain dans l’entre-deux-guerres.
Ainsi, Stéphanie St. Clair était réellement une femme chef de gang à Harlem. Elle dirigea plusieurs activités illégales, mais elle était aussi un fervent défenseur de la population noire de Harlem, où elle utilisait une partie de sa fortune pour financer des projets sociaux ou des associations locales.
Le récit de Mikaël se concentre sur le moment où la mafia blanche, en la personne de Dutch Schultz notamment, décide de s'imposer dans le business des jeux d'argent de Harlem afin de compenser la chute brutale de ses profits suite à la grande dépression et à la fin de la prohibition.
L'auteur construit un récit captivant autour du caractère fort et original du personnage de Queenie, qui se démène pour protéger ses affaires et sa communauté, en incluant aussi quelques évocations de sa jeunesse en Martinique et de son arrivée toute seule aux USA en 1911, alors qu'elle avait à peine 13 ans.
J'ai aussi beaucoup apprécié le magnifique dessin, sombre et réaliste, tout à fait cohérent avec l'atmosphère oppressante de l'histoire.

Je suis impatient de découvrir la suite dans le deuxième épisode de ce diptyque.