L'année fantôme
Série: L'année fantôme, Tome 0
Dessinateur : Didier Tronchet
Scénariste : Didier Tronchet
Coloriste : Didier Tronchet
Editeur: Dupuis
Tout baigne pour Gilles Collot Sopiedard dit « Collot », il a acquis la réputation d’un humoriste cinglant et redouté, déployant tout son talent dans des chroniques radiophoniques que dans ses billets dans la presse écrite. Il ne fait pas bon d’être sa cible… Même dans les soirées mondaines, on l’invite pour ses bons mots, mais on le craint également…
Sous cette carapace invulnérable se cache cependant un homme qui a décidé de suivre une thérapie avec Mme Paola. Celle-ci ne rentre pas dans son jeu de l’humour, ce qui l’amène à devoir s’exprimer avec sincérité, à se remémorer son enfance difficile qui ne le prédisposait pas à atteindre les portes de la gloire de l’humour…
Gilles peut compter sur le soutien de sa compagne Lucille qui est tout le contraire de lui-même, elle prend tout au premier degré, ce qui la rend profondément déconcertante et attachante. Martin, son fils âgé de 18 ans, complète la famille ; c’est probablement la personne qui se laisse le moins impressionner par son père.
Deux éléments vont bouleverser la vie de Gilles « l’invincible », d’une part, il va accepter de passer dans une émission télévisée alors qu’il s’était toujours juré de ne pas le faire et cela va s’avérer un bide monumental, écornant son image. D’autre part, il va être invité aux 50 ans de son père et va accepter alors qu’il évite sa famille depuis des années.
Cumulé à sa thérapie, Gilles va se replonger dans son passé et retourner parmi les siens ; cela lui permettra de se confronter à des secrets de famille, y compris une année qui s’était complètement éclipsée de sa mémoire et à renouer tant avec lui-même qu’avec les siens…
Depuis que Didier Tronchet a rompu avec la bande dessinée d’humour (Raymond Calbuth, Jean-Claude Tergal) et se consacre à des récits plus adultes, il a pu démontrer son talent de conteur et le fait qu’il pouvait transmettre des récits qualitatifs avec beaucoup de profondeur (Vertiges de Quito, Ma vie en l’air, Le chanteur perdu).
Je trouve personnellement que « L’année fantôme » est le plus abouti des récits (avec « Le chanteur perdu »), on pourrait y voir un parallèle biographique, l’auteur montrant que derrière l’humoriste sa cache un être profondément humain et sensible. De cette manière, il poursuit son parcours narratif où il explore les méandres de la vie, avec ses tracas et ses bonnes surprises…
J’avais eu l’occasion de le croiser il y a deux ans environ et lui avait parlé de cette mutation de l’humour vers des sujets plus sérieux, il disait en retirer beaucoup de plaisir et de satisfaction personnelle… Didier Tronchet démontre donc qu’il sait allier son dessin bien à lui à un scénario bien ficelé.
Que demander de plus finalement ? Personnellement, je suis tout à fait comblé avec ce récit qui fut un très agréable de lecture. Je lui donne un coup de cœur bien mérité, ne fût-ce que parce que j’ai appris pourquoi les femmes des sourds ont des slips transparents ! Je vous laisse à la lecture du livre pour en connaître la raison…