Série : Le Roi des mouches # 2
Auteurs : Mezzol / Pirus
Editeur : Glénat / Drugstore
Une chronique BD: Génération BD
©Glénat
Présentation de la BD "Le Roi des mouches # 2" :
On désespérait de lire enfin ce tome 2 ! En effet, depuis le tome 1, Hallorave (que l'on pourrait traduire par "Sainte Rave Party"), paru aux éditions Albin Michel trois ans plus tôt, l'éditeur d'origine fût repris par les éditions Glénat sans que l'on sache clairement si toutes les séries en cours auraient bien une suite.
Un mélange de peinture sociale et de journal intime, le tout assaisonné d'un brin d'érotisme, avec ce décalage de la réalité, dérangeant et inquiétant, typique de Mezzo et Pirus. Les ingrédients typiques d'une sélection des défuntes éditions Albin Michel, me direz-vous. Le scénario de Pirus est toutefois bien plus subtile qu'il n'y paraît à première vue.
L'univers particulier que Mezzo (dessin) et Pirus (scénario) développent dans Le Roi des mouches est aux croisées graphiques et narratives de ceux des américains Charles Burns (http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Burns) (Black Hole) et Dan Clowes (http://fr.wikipedia.org/wiki/Dan_Clowes) (Ghost World).
L'album se compose de petites histoires courtes de 5 à 7 pages, autant de saynètes qui, juxtaposées, composent un récit dont la densité de texte n'a rien à envier aux Blake & Mortimer d'Edgar-Pierre Jabobs ! L'univers campé est riche en références culturelles. La narration passe d'un personnage à l'autre, tissant des relations entre des saynètes très denses, à la manière d'un Pulp Fiction, où l'on découvre au fil de la lecture des liens imprévisibles entre les différents personnages. Graphiquement, Mezzo (Pascal Mesemberg, au civil) est d'une justesse imparable. Son découpage classique en gaufrier équilibre en contre-point une esthétique post-punk avec maestria.
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Le titre de la série, Le Roi des mouches, rappelle le roman Sa Majesté des mouches de William Golding (http://fr.wikipedia.org/wiki/Sa_Majest%C3%A9_des_mouches). Ce célèbre roman de Golding est une parabole incisive de notre société, mettant en évidence nos pulsions naturelles négatives et le vernis social qui les cachent. "Le Roi des mouches" est la traduction littérale de l'arabe "Baal-zebub" (Belzébuth), l'une des manifestations du mal. Le scénario du Roi des mouches de Pirus travaille le même thème, à la différence qu'ici Michel Pirus écrit 54 ans après Golding. 30 ans après la vague punk (http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_punk), 17 ans après le Nevermind (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nevermind#cite_note-3) de Nirvana et le mouvement Grunge (http://fr.wikipedia.org/wiki/Grunge) de la Génération X (http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_X). Cette génération d'Occidentaux nés entre 1959 et 1981, dont fait partie Michel Pirus (né en 1962). Une génération qui a le goût de l'aventure, désabusée, agressive, cynique et dont la contre-culture s'oppose aux baby-boomers de l'après-guerre. Une génération X qui a vécu les grands bouleversements de la fin du 20ème siècle : le SIDA, Tchernobyl, la chute du mur de Berlin, la chute de l'URSS,... Cette génération déjà suivie par la génération Y (http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_Y) qui, à son tour, prend le contre-pied de ses prédécesseurs.
Un album certainement pour ceux qui ont goûté au mouvement punk, aimé The Cure (http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Cure), adoré Nirvana, ceux qui ont été interpelés par Trainspotting (http://fr.wikipedia.org/wiki/Trainspotting_(film)) et se posent des questions sur le chemin parcouru et encore à parcourir.
Insérer l'image http://www.glenatbd.com/dyn/glenat/pagesasp/gestion/fond/afficheFond.asp?id=376&taille=1600
Alors que ce deuxième album s'intitule L'Origine du monde, la couverture de Mezzo représente une cannette de bière vue du haut. Tout un symbole...
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