Dessinateur : Jose Luis Munuera
Scénariste : Jose Luis Munuera
Coloriste : Sedyas
Editeur: Dargaud
L’histoire de ce OneShot, en quelques lignes…
À Londres, lorsque les grilles du jardin de Kensington se referment, des créatures merveilleuses apparaissent.
Mais ce soir-là, les sanglots de la petite Maimie déchirent le silence.
Les fées, contrariées, proposent de grignoter les petits doigts de l'impudente qui trouble la quiétude de la nuit.
Surgit alors un gamin qui les chasse d'un revers de la main. Il s'agit de Peter, un entre-les-deux: ni un oiseau, même s'il vole, ni un enfant, même s'il ne pense qu'à s'amuser.
Maimie, qui s'était égarée dans le parc, est soulagée: si Peter vole, il va pouvoir la ramener chez ses parents. Mais Peter ne l'entend pas de cette oreille : pourquoi rentrer alors que Neverland, le pays où les enfants ne grandissent pas, s'offre à eux ?
Ce qu’on en a pensé…
Jose Luis Munuera est un auteur complet qui s’est toujours donné sans compter dans son art. Cette nouvelle œuvre nous le prouve encore cette fois avec un One-shot de 96 pages qu’il aurait très pu réaliser en 2 albums de 48 pages (ce qui financièrement aurait été plus profitable pour lui et pour l’éditeur Dargaud).
A cela, on rajoute cette jaquette magnifique… Bref, on comprend donc totalement le prix de 21€ !
Pour écrire Peter Pan de Kensington, notre auteur hispanique s'est inspiré du « Petit Oiseau blanc », dans lequel le héros apparait pour la première fois - une œuvre publiée par James Matthew Barrie en 1902, soit neuf ans avant le célèbre « Peter et Wendy ».
Dans la préface de l'album, Richard Comballot en parle comme d'un texte « éthéré » offrant « peu de possibilités scénaristiques ». Mais le talent de Munuera éclate dans cette adaptation libre qui propose au contraire une « vraie » histoire, parfaitement construite. Non seulement l'artiste fait le lien avec le célèbre « Peter et Wendy », en glissant une allusion au capitaine Crochet et à Neverland, mais il imagine aussi le personnage de Maimie Mannering, qui sert ensuite de fil conducteur à son récit d’une nuit.
Un récit merveilleux qu'il peuple de personnages tout droit sortis de l'univers du conte : les fées malicieuses et leur minuscule reine ; Salomon, le corbeau bavard ou encore les terrifiantes Ombres.
Le récit est sublimé par un dessin résolument moderne, aussi dynamique qu'expressif. Le travail sur les ombres, mais aussi et surtout sur les auras lumineuses sont d’ailleurs de toute beauté !
La mise en pages soignée et les cadrages judicieux insufflent le rythme de l'aventure au récit.
Après Walt Disney et Régis Loisel, José-Luis Munuera s'attaque lui aussi au mythe de Peter Pan.
Un album enchanteur !
Le résumé de l’œuvre originelle :
"Le Petit Oiseau blanc" est un roman de l'écrivain écossais J.M. Barrie, publié en 1902. Ce livre est surtout connu pour contenir les premiers éléments qui inspireront par la suite l’histoire de Peter Pan.
L’histoire est racontée par un narrateur, un homme d'âge mûr, nommé Captain W., qui partage son affection pour un petit garçon nommé David. L’intrigue est divisée en deux grandes parties :
1. Une amitié ambiguë : Le narrateur, qui semble assez solitaire, se lie d'amitié avec David, un jeune garçon qui vit avec sa mère à Londres. Le capitaine développe un attachement profond pour lui et passe beaucoup de temps en sa compagnie. À travers cette relation, Barrie explore la complexité de l'attachement émotionnel adulte-enfant.
2. Les contes de Peter Pan : Dans une autre partie du livre, l’auteur plonge dans l’imaginaire du capitaine qui raconte à David des histoires fantastiques sur Peter Pan, un enfant qui ne grandit jamais et vit dans un endroit merveilleux appelé le Pays Imaginaire. C'est dans ces chapitres que l'on rencontre pour la première fois le personnage de Peter Pan et des éléments du mythe qui deviendront centraux dans les œuvres suivantes de Barrie.
Le roman est un mélange de réalités, d'imaginaire et d'observations sur l'enfance, la solitude et la relation entre adultes et enfants. Il a aussi une tonalité mélancolique, notamment en raison de la réflexion sous-jacente sur la perte de l'innocence et le passage du temps.
Pour en savoir (encore) + l’auteur :
José-Luis Munuera naît en 1972 en Espagne. Après avoir étudié les beaux-arts à l'université de Grenade, il devient dessinateur d'historietas. Mais la bande dessinée traverse une période difficile dans les années 1990, et Jose Luis Munuera s'offre une escapade à Angoulême. Il y rencontre Joann Sfar qui lui écrit les trois histoires des « Potamoks » (Delcourt).
Le succès se faisant attendre, les deux auteurs proposent leur travail à un autre éditeur : Dargaud. C'est ainsi que voient le jour les aventures de Merlin, fameux magicien, accompagné de Tartine, l'ogre, et de Jambon, le cochon. La série trouve son public, et, lorsque Sfar n'a plus le temps d'écrire les scénarios, Jean-David Morvan lui succède.
Munuera et Morvan se lancent alors dans le délirant « Sir Pyle S. » Culape (Soleil), puis, accompagnés de Philippe Buchet, ils imaginent « Nävis » (Delcourt), une série fantastique pour enfants. Suivront en 2004, chez Dupuis, les nouvelles aventures de Spirou avec « Paris-sous-Seine ». Depuis, Munuera enchaîne les succès avec, entre autres, chez Dargaud, « Sortilèges » (scénario de Jean Dufaux) et « Fraternity » (scénario de Juan Díaz Canales), et, chez Dupuis, « Les Campbell » et « Zorglub », deux séries qu'il signe seul. Virtuose dans la création comme dans la reprise, il collabore en 2020 avec les BeKa et dessine « L'Envoyé spécial », le soixante-cinquième tome de l'emblématique série de Raoul Cauvin, Salvérius et Lambil : « Les Tuniques bleues ».
En 2021, on le retrouve chez Dargaud avec « Bartleby le scribe », une adaptation de la nouvelle éponyme d'Herman Melville. En 2022, c'est Charles Dickens qu'il adapte librement, toujours chez Dargaud, avec "Un chant de Noël".
Milan Morales