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Blacksad # 4
Série: Blacksad # 4
Auteurs: Canales / Guarnido
Editeur: Dargaud
Une chronique BD:
Génération BD
© Dargaud
Présentation de la BD «Blacksad # 4» :
Nouvelle-Orléans. En pleine célébration du Mardi Gras, le privé John Blacksad est engagé par Faust, producteur de disque qui lui demande de retrouver son poulain disparu.
Sebastian dit Little Hand, musicien de jazz mais toxicomane à ses heures, se terre quelque part, hanté par les paroles d’une chanson qu’il vient d’écrire, abandonnant sa femme enceinte jusqu’aux yeux. Tout comme les yeux mais doux cette fois, que pose sur elle le fils de Faust, Thomas. La disparition du mari l’arrange bien, tout comme cela pourrait bien arranger son père qui détient un secret qui lui pourrit littéralement l’existence.
Englué dans cette ambiance malsaine, Blacksad va-t-il perdre son âme ?
L’avis de Shesivan :
« Ça faisait deux jours que Mardi Gras était passé, mais je commençais à avoir la sensation que les gens de cette ville ne quittaient pas leurs déguisements de l’année... »
Cette phrase tirée de la page 31 résume à elle seule cette nouvelle enquête de John Blacksad, le chat préféré du lectorat BD…
Qui dit Mardi Gras dit Nouvelle-Orléans… C’est dans cette ville que le matou privé a transporté ses pénates, et qui dit Nouvelle-Orléans dit jazz et vaudou. Ce sont quelques uns des ingrédients de ce « L’enfer, le silence » qui a mis cinq ans à éclore mais quelle éclosion, cela valait la peine de patienter. Entretemps les deux partenaires avaient poursuivi d’autres projets, l’un « Sorcelleries » avec Teresa Valero (Dargaud – 2 albums parus) et les couvertures de la série « Voyageur » dont il dessinera l’ultime tome, l’autre « Les Patriciens » avec Gabor (Glénat – 2 albums parus). Ce quatrième Blacksad marque aussi le dixième anniversaire de la série dont chaque épisode est un petit chef d’œuvre, autant au point de vue scénaristique, perles de ce polar cher à Raymond Chandler et Mickey Spillane, que du point de vue visuel : un régal pour les yeux que ce dessin qui apprivoise le mouvement du dessin animé et ses cases aquarellées en couleur directe dont les tons marquent admirablement les ambiances voulues.
Le crayonné de Guardino semble plus caricatural pour illustrer certains personnages. Voilà qui intensifie encore le mouvement de l’action (admirez la première case de la page 13, tout en mouvement et souplesse. Tout est synthétisé en une seule image, sans besoin de découpage : Blacksad saute par-dessus le comptoir du bar, saisit la batte de base-ball tandis que le barman surpris recule et que son comparse s’effondre, son dentier faisant puzzle ensanglanté… Ceci, messieurs dames, est une leçon de dessin)
Situant l’action hors de la grisaille de Manhattan vers l’univers coloré de la Nouvelle-Orléans, l’album baigne dans une coloration et une ambiance jazz et blues nimbée de cette pointe de magie noire propre à cette terre mystérieuse. Blacksad y perdra la vie mais gagnera un ange gardien. Et puis comme les chats en ont sept… Quant à son malodorant pote Weekly, il y trouvera l’amour de sa vie (Rose, une femelle putois !) avant de le perdre aussitôt.
La morale de cette enquête est en demi teinte, comme tout polar qui devrait se respecter… comme cette ville tout en secrets à moitié avoués … Summertime, and the livin’ is easy*…
Pour paraphraser Henri-George Clouzot qui a dit : « Pour faire un bon film, il faut une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire » je dirai que pour faire une bonne BD, il faut un bon scénario, un bon dessin et un bonne mise en couleur.
Ne cherchez pas plus loin…
« L’Enfer, le silence » est un sans faute.
Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales ont réinventé la bonne bande dessinée… et pas que animalière !
Chapeau.
Shesivan
* Si l’ambiance baigne dans le jazz, les deux chansons évoquées dans l’album sont des blues, et « Summertime » est de Gershwin… un New-Yorkais !
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