JOOST ZWARTE ET SON EXPO TRAFIC

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C’est une réelle opportunité de rencontrer Joost Swarte, auteur de bande dessinée mais surtout illustrateur, légende du style atome. La galerie Champaka a eu la bonne idée d’exposer les œuvres du Hollandais sur le thème des moyens de transport, une expo intitulée TRAFIC.

C’est aussi un auteur qui a rarement exposé dans sa  longue carrière, ceci expliquant pourquoi tout ce qui est exposé a été vendu en un clin d’œil !
En plus des sept portraits, des sept rehauts et des sept vélos aux quatre vents on peut également admirer des couvertures de revues, des dessins publicitaires et des planches de ses bandes dessinées… trop rares, hélas !

Shesivan : Joost Swarte pourriez-vous nous décrire cette exposition intitulée Trafic ?
Joost Swarte : Oui, l’expo s’appelle Trafic, thème choisi parce que je voulais réaliser des dessins sur les moyens de transport tout en voulant rendre hommage à des personnages qui sont importants pour moi, qui m’ont inspirés. J’ai ainsi réalisé des portraits de Tati, Groucho Marx, Audrey Hepburn, Raymond Queneau, chacun avec son moyen de transport… Par exemple une Vespa pour Audrey Hepburn comme dans le film Vacances romaines, pour Buster Keaton une locomotive et pour Jacques Tati un Solex…
A côté de cela j’ai réalisé un grand dessin qui a été tiré à sept exemplaires, utilisant une technique qui s’appelle le rehaut, ce qui veut dire qu’il y a un espace blanc sur lequel je fais un dessin original. Il s’agit d’un « presqu’accident », avec ces voitures qui freinent, les gens qui regardent, le lieu. Sur chaque exemplaire j’ai décrit une situation différente, une cause possible de presqu’accident...
J’ai également fait une série de sept sculptures. J’ai inventé un vélo à quatre roues que j’ai appelé le vélo à quatre vents ! On peut rouler dans chaque direction avec une des roues mais on se rend bien vite compte qu’on ne peut se déplacer avec ce vélo. C’est une sculpture mobile, on peut orienter le vélo à quatre vents dans le sens des points cardinaux qui sont inscrits sur la boîte qui lui sert d’emballage et de socle !

Shesivan : Cette exposition se conjugue donc par sept. Serait-ce votre chiffre fétiche ?
Joost Swarte : Non, pas fétiche mais comme j’avais dessiné ces sept portraits, le galeriste a eut l’idée de proposer le même nombre de rehauts, puis de sculptures. Non, ce n’est pas fétiche…

Shesivan : Lorsque vous évoquez ces sept portraits, ce sont sept personnages qui vous ont marqué ?
Joost Swarte : Tout à fait ! Au départ il y a Buster Keaton, son humour avec cet air impassible, puis Tati avec ses inventions loufoques, sa gestuelle…  Pour un dessinateur c’est important de ne pas toujours tout dire avec des bulles mais de pouvoir raconter une situation avec des gestes, comme on voit dans les films muets.
Le Corbusier est important parce que c’est un architecte moderniste d’un côté et de l’autre un peintre d’art contemporain qui a fait des œuvres importantes. Je voulais montrer cela dans mon dessin. Tandis que Queneau est un écrivain primordial à mes yeux. Dans son livre intitulé « Exercice de style » il a écrit le même conte 99 fois d’une manière différente. C’est important pour un dessinateur, un écrivain ou un artiste de réfléchir de quelle manière on va montrer une idée…



Shesivan : Vous êtes l’inventeur des termes « ligne claire » et « style atome » ?
Joost Swarte : En 1975, je faisais partie de l’équipe chargée de l’exposition « Tout Tintin » à Rotterdam. J’avais l’idée de ne pas réaliser un seul catalogue mais d’en faire plusieurs, expliquant les diverses facettes du travail de Hergé. Dans un de ces volumes où il était question de l’inspiration, des racines d’Hergé, j’ai pensé au terme « ligne claire », ce catalogue évoquant son fameux trait au fil, c’est-à-dire le travail des contours et les couleurs en aplats entre les lignes. C’est la stricte définition de la ligne claire. Le style atome, c’est autre chose… J’avais écrit un article dans une revue sur un style de design qui était important dans les années 50. Je voulais rendre hommage à ce dernier style d’art déco avec ce monument très représentatif qu’est l’Atomium, c’est pourquoi je l’ai appelé le style atome.

Shesivan : Dans cet article vous disiez que le style atome était la continuation après-guerre de l’art déco ?
Joost Swarte : Oui, c’est un des derniers styles d’art déco. L’art nouveau était inspiré de la nature, le déco des mathématiques. Après-guerre, dans les années cinquante c’est le style atome qui a évolué à partir de l’art déco. A présent, c’est moins le style qui est important que le bon designer...

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POUR CEUX ET CELLES QUI VEULENT SE RENDRE COMPTE SUR PLACE. LEXPO DURE DU 9 SEPTEMBRE AU 9 OCTOBRE;

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