HELL WEST, LE WESTERN SPAGHOTHIQUE !

Enfin, après seulement quelques années et quelques albums d’existence Sandawe sort enfin un truc qui sort de l’ordinaire. Hell West est un western mais pas un western comme on en a l’habitude d’en lire, un western gothique ! Mieux, un western spaghetti gothique ! Fin 19ème siècle, dans un univers parallèle, l’ouest sauvage est encore plus sauvage qu’on puisse l’imaginer. Il est peuplé d’indiens mais aussi de monstres de toutes sortes, du genre à tuer d’abord et à même pas discuter après. De l’autre côté de la fragile frontière bâtie par les hommes, il y en a qui voudraient annexer ces terres, à n’importe quel prix. Il y en a aussi qui s’allient avec des créatures afin de comploter et de renverser l’ordre établi. On se demande dés lors si c’est bien du côté de Hell West que sont tapies les créatures les plus dangereuses…

L’association Frédéric Vervisch (dessinateur) et Thierry Lamy (scénariste) fonctionne à merveille et nous propose un récit qui fleure bon le Tarantino mâtiné avec du Miller et, comme il y en a un peu plus je vous le met quand même, un récit en noir et blanc comme Comès sait les réussir et pourquoi pas ne pas rajouter Hugo Pratt pour que le jeu des influences soit complet. Lamy a créé un terrain de jeu sur lequel son dessinateur s’exprime sans contrainte en nous proposant des images chocs et un bestiaire des plus étranges, sans oublier ses protagonistes humains, héros et vilains, au look parfois surprenant !

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A propos de la genèse de Hell West, Thierry Lamy et Fred Vervisch :

Thierry Lamy : C’est une très longue histoire. Je fais partie d’un atelier virtuel avec plusieurs auteurs de BD. En 2004, on a cherché un terrain de jeu commun et je suis parti sur un univers de western fantasy, m’inspirant de la série de Thierry Robin Rouge de Chine. Le projet a évolué ave l’atelier. Un univers s’est façonné en très peu de temps mais il y avait des problèmes d’agenda. Le projet à traîné, étant à 60 % 75 % apporteur du projet je l’ai continué seul. J’ai cherché plusieurs dessinateurs et un ami commun, Christophe Cazenove, m’a conseillé Frédéric Vervisch…

Frédéric Vervisch : Nous avons commencé à correspondre, à nous envoyer des dessins, à développer un truc, cela se passait bien, sans tension. Ce que je cherche dans la BD ce sont des trucs qui ne sont faisable qu’en BD. Avec rien, étant dessinateur je peux créer tout un univers imaginaire … J’aime partir loin et si je peux emmener des gens avec moi, c’est bien. Ce que j’aime dans les westerns italiens c’est le héros bourru, l’indien lunatique, les pin ups de saloon, si je dois faire une série de toute ma vie ça doit être cela ! Il n’y a pas de limites. A la fin de l’album on se rend compte qu’on a défini un univers. On a balisé la piste…

Thierry Lamy : C’est un terrain de jeu où il nous reste beaucoup de choses à découvrir…

Frédéric Vervisch : Au début on avait compté sur un format classique, européen, d’abord en couleurs puis il y a eu l’influence Frank Miller, Hugo Pratt, le noir et blanc. On n’était pas fixés sur le format, c’est Patrick Pinchard, le directeur de Sandawé qui nous a proposé le format comics !

Thierry Lamy : Comme on étaient partis sur un 46 pages il a fallu reformater. Mais j’aime bien quand c’est graphique, très aéré, comme du Miller. Avec lui, on rentre dans son univers comme avec un travelling avant. Un côté cinématographique, façon story-board. Hell West c’est du roman graphique dans le genre Hugo Pratt. De la série B assumée, du divertissement. On adore des films comme « Le bon la brute et le truand » et tous ces western spaghetti, ces films de durs. C’est la mythologie du western que j’aime, pas le côté John Ford…

Ce qui est intéressant dans cet univers décalé et imaginaire, c’est que tu prends ce que tu veux, des personnages réels ou imaginaires. On peut se lâcher, on n’est pas au détail historique près. On joue avec les figures mythiques et on les décale. On rend hommage à tout ce qui nous a nourri : le cow-boy solitaire, l’indien mystique, la neige (comme dans ce film Le Grand silence avec Trintignant) Je suis storyboardeur, j’adore le découpage. BD et story-board sont très proches.

J’essaye d’être bref dans mes découpages, je ne mets que les choses principales, pas d’indication de plan, j’évoque plutôt l’action. Après c’est au dessinateur de jouer, comme la description des monstres. Les dessinateurs sont les metteurs en scène. Mais avant c’est la complémentarité qui fait que ça marche. Si Hell West avait été fait avec un autre dessinateur, cela n’aurait pas été le même bouquin. Il y a des personnages qui se sont invités parce que c’est Fred, il ramène des éléments, des ingrédients qui font rebondir notre imagination.

L’accueil du livre est très positif. Sandawe permet d’avoir une lisibilité de l’album, créant une attente et un engouement qui nous dépasse. On s’est senti portés par les édinautes, des gens qui avaient envie de lire cet album et investissaient...

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