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A L'OMBRE DU CONVOI 1 Interview de Kid Toussaint et Beroy (Casterman)
KID TOUSSAINT ET JOSE MARIA BEROY POUR L'OMBRE DU CONVOI TOME 1
Shesivan : D’où vous est venue l’idée de vous inspirer d’un fait réel ?
Toussaint : Au départ je ne voulais pas écrire sur la guerrre de 40, cela ne me plaisait pas trop mais quand j’ai entendu cette histoire vraie à propos de ce train de déportés juifs attaqués par des résistants, je me suis dit qu’il fallait que je raconte cela.
Shesivan : Y a-t-il encore des témoins de ces faits ?
Toussaint : Les trois résistants qui ont attaqué le convoi sont malheureusement morts. J’ai récupéré un maximum de documentation au musée de Malines…
Shesivan : Qu’en est-il des personnages de votre histoire ; sont-ils réels ou imaginaires ?
Toussaint : Ce sont des personnages inventés. Je me base sur des faits réels mais les personnages je les ai créés pour raconter les histoires que je voulais... Comme il y avait déjà beaucoup de choses de faites sur la deuxième guerre, je me suis dis que je ne trouverais rien d’original. Et puis je suis tombé par hasard sur cette anecdote…
Shesivan : Comment vous êtes-vous rencontrés J-M Beroy et vous ?
Toussaint : Nous avons travaillé ensemble il y a 6-7 ans, un éditeur nous a mis en contact.
Beroy : Je suis très intéressé par la deuxème guerre mondiale. Je n’en connaissais pas grand-chose, étant espagnol je connaissais uniquement la guerre civile qui avait frappé mon pays en cette période-là.
Toussaint : La guerre civile espagnole a complètement masqué la deuxième guerre pour les espagnols !
Shesivan : Vous avez créé ces trois personnages imaginaires qui vont converger l’un vers l’autre ?
Toussaint : Le but est qu’ils se retrouvent tous à un instant T qui est l’attaque du convoi. De d’abord découvrir ce qui les a amené à cet endroit précis. Cela me tenait à cœur de voir évoluer l’histoire de la part d’un policier allemand, d’un résistant, d’une juive…
Shesivan : On se fait une très bonne idée de ce qui s’est passé avec le nazisme !
Toussaint : Oui je voulais démontrer que cela ne partait pas tout à coup de zéro, que tout à coup Hitler était là. Je voulais montrer que cela venait de plus loin, de la première guerre mondiale. Là d’où on est c’est là d’où on vient !
Shesivan à Beroy : Quel était votre intérêt dans ce récit ?
Beroy : La situation de la société actuellement, c’est une métaphore !
Toussaint : Je fais une démonstration dans le premier tome duparcours de Celia (la jeune juive) Je montre beaucoup à quel point elle souffre mais elle tient le coup, elle continue à avancer. Elle finit par abandonner au dernier moment, elle dit à son frère qu’elle n’en peut plus... Pour Willem (le policier allemand) il en faut très peu pour laisser sortir le monstre qui est en chacun de nous. Il se tient le plus à l’écart possible du nazisme et à un moment donné, durant la nuit de cristal, toute a violence éclate dans la rue et il craque, il finit par se laisser emporter, c’est métaphorique.
Beroy (enchaînant) Par exemple, dans la façon où le feu attire Willem, il est absorbé par cette violence. Willem est une métaphore de l’Allemagne à lui seul. Les Allemands ont essayé de survivre après 14-18 et ils se font totalement happer par une violence, une xénophobie plus forte qu’eux.
Shesivan : votre ouvrage est en sorte une bonne description de la montée du nazisme !
Toussaint : Oui, le second volume sortira en août de cette année…
Beroy : Oui je suis toujours occupé à dessiner…
Toussaint : Tu devras, tu n’as pas le choix !
Shesivan : Et pour trouver de la doc’ ?
Toussaint et Beroy : Internet, les livres, on s’envoit des photos. En Belgique il y a des banques de données concernant la vie quotidienne durant la deuxième guerre. Il y a juste le danger de se planter dans les uniformes mais on a fait attention.
D’ailleurs c’est une des personnes qui se trouvait sur ce fameux train qui a fait la préface mais lui, il s’était échappé de son propre chef. Finalement je n’ai personne pour corroborer ce que j’ai écrit, ce qui m’a permis de créer des personnages imaginaires avec leurs propres parcours, mais j’ai vu des interviews d’un des résistants à la fin de sa vie. L’un d’eux racontait qu’un des trois prétendait avoir une arme mais il ne l’a jamais montrée. Il s’est demander toute sa vie si ce n’était pas pour le rassurer avant l’attaque ! Je trouvais cela tellement authentique !
Shesivan : Vous, Kid, êtes belge et vous J-M espagnol. Comment faites-vous pour travailler ensemble, avec le problème de la langue, de la distance...
Toussaint : Internet !
Beroy : Je comprend assez bien le français mais le parler… Internet est un miracle !
Toussaint : Il comprend vraiment tous mes plans, mes descriptions. Bon, c’est un truc sur le moyen-âge que je voulais faire mais bon ! (rires)… On s’écrit une fois par semaine pour se tenir par semaine, par e mail. Par lettre cela arriverait six mois plus tard !
Beroy : Dés les première pages, j’ai fait des esquisses, des croquis mais ce n’était pas nécessaire finalement. Je l’ai fait au début et envoyé à Kid pour savoir si j’étais dans la bonne direction.
Shesivan : vous lui faisiez parvenir le scénario tout à fait découpé ?
Toussaint : Oui, case par case. Après s’il voulait faire des modifications, j’étais ouvert !
Beroy : C’est intéressant de travailler avec Kid parce qu’il fait beaucoup de personnages !
Toussaint : J’ai fait cela juste pour toi ! Tenez, cette couverture, il l’a trouvée tout seul. Il y a placé pleins de personnages. J’adore !
Beroy : Ca fait affiche de cinéma.
Toussaint : C’est du Bertolucci !